Plus de 25 millions de personnes sont toujours confrontées à des niveaux de
crise ou d’urgence de l’insécurité alimentaire en République démocratique du Congo (RDC), selon le dernier rapport du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié aujourd’hui. Le pays reste confronté à l’une des plus grandes crises alimentaires au monde. C’est ce que vient d’apprendre congocroissance.com il y a peu.
Malgré des niveaux élevés de faim, la RDC dispose de terres fertiles ainsi que de ressources
abondantes en eau , et possède la capacité inhérente d’atteindre l’autosuffisance en matière
de production alimentaire et même d’étendre ses contributions aux pays voisins.
Cependant, diverses causes sous-jacentes, telles que l’intensification du conflit dans l’est de
la RDC et le manque d’investissement dans le développement rural, empêchent le pays
d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Le conflit dans l’est de la RDC a perturbé la production agricole vitale et la croissance des
infrastructures essentielles. Cette crise alimentée par l’évolution de la dynamique des
groupes armés et des luttes pour les ressources, est exacerbée par des tensions
géopolitiques profondément enracinées. En conséquence, plus de 5,6 millions de personnes
sont aujourd’hui déplacées dans les trois provinces de l’est, l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-
Kivu.
“ Je suis alarmé par le nombre de personnes qui continuent à souffrir de la faim à travers le
pays », a déclaré Peter Musoko, directeur de pays et représentant du PAM en RDC. “Dans un
contexte aussi fragile, le coût de l’inaction est vraiment impensable. Ensemble, nous devons
travailler avec le gouvernement et la communauté humanitaire pour augmenter les
ressources destinées à cette crise négligée. “
« La crise de la sécurité alimentaire pour de nombreuses personnes en République
démocratique du Congo reste critique, avec plusieurs défis – insécurité, dévastation et
manque d’infrastructures, faible accès à des intrants de qualité et au financement, pour n’en
citer que quelques-uns – qui compromettent leurs chances de pouvoir se nourrir
correctement et de nourrir leurs familles. La seule façon de briser le cycle et d’infléchir ces
tendances est d’aider les familles rurales à accroître leur résilience et leur productivité », a
déclaré Aristide Ongone Obame, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) en RDC.
Le PAM est confronté à un déficit de financement critique de 629,6 millions d’USD au cours
des six prochains mois. En l’absence de financement, le PAM n’est pas en mesure de
poursuivre l’intensification de ses opérations pour atteindre 3,6 millions de personnes et
pourrait devoir réduire son aide dès le mois d’octobre.
Alors que les personnes qui ont le plus besoin d’aide humanitaire dépendent de l’agriculture
pour leur subsistance, seuls 4,1 % des fonds humanitaires destinés aux secteurs alimentaires
servent à soutenir les moyens de subsistance agricoles. Les interventions d’urgence en
faveur des moyens de subsistance sont rentables. Par exemple, avec un kit de production
de légumes de 80 USD, une famille peut rapidement produire une variété d’aliments nutritifs
d’une valeur de 480 USD sur le marché local.
En 2023, la FAO a besoin de 106,4 millions d’USD pour apporter à 1,8 million de personnes
un soutien urgent aux moyens d’existence, notamment en stimulant la production agricole
rapide, l’élevage et la pêche, et en fournissant un soutien prépositionné aux moyens
d’existence d’urgence aux communautés touchées par les conflits. A ce jour, la FAO est
confrontée à un déficit de financement d’environ 80 millions d’USD pour fournir un soutien
aux agriculteurs vulnérables au cours de la prochaine campagne agricole, qui débutera en
janvier 2024.
Outre l’impératif immédiat de soutenir les initiatives visant à sauver des vies, il est urgent
d’investir dans des solutions visant à inverser durablement les tendances de l’insécurité
alimentaire. Il est essentiel de mettre en œuvre une stratégie qui envisage une continuité
entre les réponses d’urgence, les efforts post-urgence et les actions visant à faire progresser
les systèmes alimentaires tout en renforçant la résilience des populations face aux différents
chocs auxquels elles sont régulièrement confrontées.