Depuis une semaine, la ville d’Uvira, deuxième agglomération du Sud-Kivu, vit au rythme des barricades et du silence des rues. Boutiques, écoles, magasins et transports publics restent fermés, plongeant les habitants dans une paralysie quasi totale. Ce lundi 8 septembre 2025, la contestation ne faiblit pas : une frange de la population est encore descendue dans les rues pour exprimer son rejet d’une décision venue de Kinshasa.

À l’origine de cette colère : la nomination du général Olivier Gasita au poste de commandant second de la 33ᵉ région militaire. Pour les organisations de la société civile, ce choix représente une menace directe pour la sécurité d’Uvira. Appuyées par des combattants wazalendo, elles estiment que ce haut gradé est associé à des épisodes douloureux de l’histoire récente de l’Est du pays.

En effet, plusieurs voix accusent le général Gasita d’avoir joué un rôle clé dans la chute de Goma, le 28 janvier 2025, puis dans celle de Bukavu, le 16 février, toutes deux passées sous contrôle de la rébellion de l’AFC/M23. Ces souvenirs encore frais alimentent la crainte que l’arrivée du général à Uvira ne soit le prélude à une nouvelle débâcle militaire et à une possible avancée rebelle dans la région.

Les manifestations qui paralysent la ville sont donc perçues comme un signal fort envoyé au gouvernement central. En érigeant des barricades et en stoppant la vie socio-économique, les habitants d’Uvira veulent dire haut et fort qu’ils refusent que leur cité devienne la prochaine cible des offensives de l’AFC/M23. Leur mobilisation traduit une peur collective, mais aussi une volonté affirmée de se protéger face à un avenir incertain.

Du côté des autorités, aucune réaction officielle n’a encore apporté de réponse concrète aux inquiétudes de la population. Le silence de Kinshasa nourrit davantage la méfiance et renforce la détermination des contestataires, qui voient dans ce mutisme une preuve de déconnexion avec la réalité du terrain. Cette absence de dialogue contribue à accentuer la fracture entre la capitale et cette partie du Sud-Kivu déjà fragilisée par des années de conflits.

Ainsi, depuis le 2 septembre, Uvira vit au ralenti, comme suspendue dans une atmosphère de tension et d’attente. Chaque jour qui passe sans issue renforce le climat d’incertitude et de peur, mais aussi la résilience d’une population déterminée à se faire entendre. La suite dépendra autant de la capacité du gouvernement à écouter ces revendications que de sa volonté à rassurer une ville qui refuse de céder au spectre d’un nouvel effondrement sécuritaire.

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