La Directrice de l’organisation Education Cannot Wait (ECW), Yasmine Sherif et le Représentant de l’UNICEF, Grant Leaity, ont appelé les donateurs du monde entier à fournir de toute urgence des fonds supplémentaires pour soutenir le programme pluriannuel de résilience d’ECW en République Démocratique du Congo (RDC), un pays qui est confronté à l’une des crises les plus négligées au monde.
La RDC compte actuellement environ cinq millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays (dont 700.000 pour la seule année 2022), soit le plus grand nombre de personnes déplacées en Afrique. Des années de conflit, les changements climatiques, la COVID-19 et d’autres épidémies dont Ebola ont fait payer un lourd tribut à la jeune génération du pays. À l’échelle nationale, pas moins de 3,2 millions d’enfants (âgés de 6 à 11 ans) ne sont pas scolarisés.
Mme. Sherif, M. Leaity et Mme Mazal, Directrice de la Coopération à l’Ambassade du Royaume-Uni en RDC, ont rencontré des représentants du gouvernement et des partenaires de l’éducation à Kinshasa et ont visité la province du Tanganyika, dans le sud-est de la RDC, dans le cadre d’une mission conjointe. La province du Tanganyika est récemment devenue plus pacifique après des années de conflit interethnique qui ont gravement affecté la vie des enfants et des adolescents.
La délégation a visité un programme financé par la ECW et mis en oeuvre par l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement de la République Démocratique du Congo et les autorités provinciales chargées de l’éducation, ainsi que d’autres partenaires clés de mise en oeuvre, notamment le Programme Alimentaire Mondial (PAM), CENEAS, l’Armée du Salut et d’autres partenaires locaux.
Le programme conjoint vise à améliorer la scolarisation et la formation professionnelle, en mettant l’accent sur les filles et les jeunes femmes. Il cible 67.000 enfants et adolescents de la province ; 32 000 filles et garçons ont déjà bénéficié d’une éducation de qualité. On estime que près des deux tiers des enfants en âge d’être scolarisés (de 6 à 17 ans) – ne le sont pas dans la province.
« Je suis profondément émue par la force et la résilience des filles, des garçons et des enseignants que j’ai rencontrés et dont la vie a été transformée par l’éducation et le soutien des partenaires locaux, les Nations unies, la société civile et les communautés travaillant ensemble », a déclaré Mme. Sherif. « La plupart viennent de familles déplacées et ne sont jamais allés à l’école auparavant. L’éducation est leur seul espoir. Leur courage et les efforts déployés par la communauté et les partenaires locaux pour garantir la scolarisation de tous les enfants nous incitent tous à faire davantage. Nous appelons les donateurs publics et privés à renforcer de toute urgence leur soutien pour que toutes les filles et tous les garçons touchés par la crise en RDC et dans le monde entier aient la possibilité de jouir de leur droit à une éducation de qualité, sûre, protectrice et inclusive. »
Le Royaume-Uni est l’un des partenaires stratégiques fondateurs de l’ECW et est le deuxième plus grand donateur du Fonds au niveau mondial. « L’accès à une éducation de qualité en période de crise humanitaire est salvateur pour les enfants », a déclaré Mme. Mazal. « Il offre une protection, un sentiment de normalité et d’espoir. C’est pourquoi le travail de ECW est crucial pour soutenir les enfants les plus marginalisés. Nous avons pu constater de visu le travail accompli sur le terrain au Tanganyika, qu’il s’agisse de rencontrer des filles ayant survécu à des violences sexuelles ou des enfants anciennement associés à des groupes armés. Ces enfants reçoivent aujourd’hui une éducation de qualité, grâce à ECW. »
Cependant, le grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays (près de 350 000) dans la province du Tanganyika représente un défi majeur qui entrave l’accès à l’éducation. Il n’y a que 4 300 écoles primaires et secondaires pour éduquer plus de 1,8 million d’enfants en âge scolaire. Selon des estimations récentes, il faudrait construire au moins 1 700 écoles supplémentaires pour que les enfants et les adolescents aient accès à des environnements d’apprentissage de qualité, sûrs et protecteurs.
La délégation a inauguré l’Ecole Primaire Lubile 1 nouvellement construite dans le village de Mpungwe, situé près de la capitale provinciale Kalemie, et a visité un espace d’apprentissage temporaire sous tente soutenu par l’investissement de ECW. L’objectif global est de soutenir la volonté du gouvernement de mettre en place une éducation gratuite dans toute la RDC. L’Ecole Primaire Lubile 1 est la première à être construite dans le village de Mpungwe. Le village de Mpungwe comptait à l’origine 500 familles, mais ces dernières années, en raison de la violence et de l’insécurité dans la région, 1 500 familles supplémentaires se sont installées dans le village. Modèle de cohésion sociale, les enfants de la communauté d’accueil et les enfants déplacés vont tous à l’école ensemble, bénéficiant d’une approche éducative holistique, y compris des écoles quotidiennes soutenues par la cantine scolaire du PAM.
« Grâce au soutien de l’ECW, nous sommes en mesure de fournir et d’améliorer l’accès à une éducation de qualité et à des possibilités d’apprentissage alternatives pour tous les enfants, en particulier les filles qui ont tant souffert », a déclaré Grant Leaity, Représentant de l’UNICEF en RDC. « Cela fait chaud au coeur que nous ayons pu répondre à leurs besoins spécifiques ». Bien que les défis soient importants (voir Notes pour les rédacteurs ci-dessous), des progrès importants sont réalisés en matière d’éducation au Tanganyika a ajouté Grant Leaity.
Le Tanganyika est un endroit où il est difficile pour les filles de grandir, les jeunes femmes étant trop souvent exposées à diverses formes de violence et d’exploitation, notamment les agressions sexuelles et le travail des enfants. Plus de 430 filles et garçons du Tanganyika ont également bénéficié de services de réponse à la violence basées sur le genre soutenus par l’UNICEF, tandis que 464 autres enfants ont reçu un soutien et une protection pour leur réintégration après avoir échappé aux groupes armés.
Les écoles jouent un rôle important dans la réduction des tensions entre les différents groupes communautaires, qui débouchent souvent sur des conflits armés. « Nous devons nous mobiliser pour aider la prochaine génération à guérir des blessures de la violence », a déclaré Mme Sherif. « Il est crucial de développer conjointement des programmes d’éducation holistiques qui intègrent un soutien psychosocial, des approches transformatrices de genre et un accent sur la sécurité et le bien-être des enfants et des adolescents. Dans le même temps, il faut faire davantage pour mettre fin à ce cycle de violence indicible et de violations systématiques des droits de l’homme et du droit humanitaire international. L’impunité omniprésente doit cesser et les auteurs de ces actes doivent être traduits en justice. »