Le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA (PNLS) a procédé le vendredi dernier à la présentation du rapport d’enquête sur la « Cartographie programmatique et estimations de la taille des populations clés exposées aux risques d’infection à VIH et des Ist dans 9 provinces de la République démocratique du Congo ».
Il a fallu à peu près une année pour aboutir à ces résultats couchés sur ce document de 251 pages renfermant ainsi tous les éléments d’informations sur les populations clés, qui sont les professionnels des sexes, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les utilisateurs des drogues injectables, et les transgenres ( …).
S’exprimant à cet effet, le Docteur Felly Ekofo de la Division de la surveillance épidémiologique du PNLS, s’est réjoui de l’aboutissement de ce travail, qui met à la disponibilité de la communauté des évidences sur cette catégorie des populations.
« (…) L’enquête nous a permis qu’à ce stade, nous puissions nous renseigner par rapport au pays et par rapport aux villes visitées. Est-ce que nous pouvons avoir ces populations-là ? Parce que ces populations ont comme caractéristiques, elles utilisent encore les facteurs de risque par rapport à la propagation du VIH et ces facteurs font qu’elles soient beaucoup plus exposées à la maladie, et d’elles nous avons une propagation nouvelle au niveau de la population générale, qui est le client de ces professionnels des sexes. Si nous laissons à leur merci les professionnels des sexes, ce sont les mêmes professionnels des sexes qui vont encore contaminer les autres membres de la population et l’épidémie va encore surgir. Donc la question que nous nous sommes posés lors de cette enquête est de savoir d’abord, où sont ces populations clés ? Qui et combien elles sont ? Il fallait d’abord estimer leur taille dans chaque ville que nous avons visitée et nous avons des éléments présentement par rapport à ces populations clés. Là, nous avons fait des estimations directes dans les villes où nous étions, mais aussi des estimations indirectes dans les villes où nous n’avons pas pu nous rendre mais que nous avons visitées lors de la première session. L’autre question posée est celle de savoir leurs besoins. A l’heure qu’il est, nous avons tous les éléments. Ce qui nous permettra à ce que quand nous allons faire des planification pour mener des actions en leur faveur , nous puissions utiliser ce rapport pour être plus concrets », a indiqué le Docteur Felly Ekofo.
Prêt à être consommé, ce rapport a dit le délégué de l’Ecole de santé publique (Esp), est très utile pour le pays dans la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA et d’autres maladies à l’occurrence l’hépatite, qui tue à petit feu. Et donc même si la prévalence du VIH/SIDA est faible, il faut dire que la Rdc se trouve à une phase cruciale de cette épidémie ou les populations clés constituent les véritables moteurs sur lesquels il faudra s’appuyer afin de mettre barrière à cette maladie.
« C’est un très grand plaisir d’avoir ce document aujourd’hui qui est très important et très utile pour la planification. Vous savez, la réalité avec les populations clés est une nouvelle approche qui était longtemps négligée sinon pas considérée (…) les populations clés sont vraiment la catégorie de la population qui garde en son sein le VIH. Et donc travailler sur l’élimination du VIH sans avoir les interventions sur les populations clés, c’est vraiment travailler en vain (…) nous avions travaillé longtemps sans avoir les chiffres réels sur les nombres exacts des populations clés dans notre pays. Ces chiffres réels sont très importants parce que ça nous aide justement à savoir quelle est la quantité des intras que nous devrons apporter pour les interventions auprès des populations clés, savoir effectivement les fonds que nous devrons rendre disponibles pour atteindre toutes ces populations clés (…) Ce comme ça que nous accueillons à bras ouverts ce document que nous pensons être très utile pour nous afin d’avoir les interventions très efficaces sur toute l’étendue du pays », s’était exprimé le docteur Jonathan Fumunguwa de Cordaid.
Même son de cloche pour la présidente de l’Ong « Entre nous Plus», Daniela Karhini, qui au nom de la communauté transgenre, a remercié le PNLS pour ce grand travail accompli, et a dit espérer que ces données vont aider dans l’éradication du VIH/SIDA. C’était avant de saluer la contribution de sa structure dans la réalisation de cette enquête, qui a bénéficié de l’apport du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), du PNMLS, CDC et du Fonds mondial.
Par ces évidences, il est prouvé noir sur blanc que les populations clés sont bel et bien présentes dans les provinces de Kinshasa, Maniema, Sud Ubangi, Kasai, Tanganyika, Kasai central, Nord Kivu, Mongala, Equateur.
« Les évidences sont là. Essayons de nous en servir pour ajuster nos interventions ». C’était en ces mots que le Directeur du PNLS, le Docteur Aimé Mboyo, s’était adressé à l’assistance, partenaires mais aussi aux autorités provinciales, invitées à s’approprier de ces données afin de permettre au pays d’éradiquer cette pandémie d’ici 2030.