Le Fonds National des Réparations des Victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV) interpelle encore une fois la communauté internationale sur la reconnaissance du génocide commis sur le sol congolais.

Dans une déclaration faite en marge de la célébration de la journée internationale de la « Commémoration des victimes du crime de génocide »,  le FONAREV se joint au monde entier pour affirmer que « la mémoire n’est pas seulement un acte de compassion; elle constitue un préalable à la justice ».

« En ce jour de commémoration, nous rendons hommage à la mémoire de toutes les victimes, partout dans le monde celles qui ont perdu la vie, celles qui ont survécu et celles dont les histoires demeurent enfouies sous des tombes anonymes. Nous réaffirmons notre engagement envers la vérité, la justice et la réconciliation.
Nous renouvelons également notre appel à la communauté internationale reconnaître les génocides commis sur le sol congolais, soutenir les enquêtes indépendantes, demander des comptes à ceux qui ont planifié, financé ou exécuté ces crimes, et soutenir les survivantes dans la reconstruction de leur vie La prévention commence par la reconnaissance », peut-on lire dans un document parvenu hier mardi, 09 décembre 2025 à congocroissance.com

Pour cette structure, la reconnaissance commence par la vérité. Et la vérité nait par l’écoute des voix des victimes, soulignant sa fidélité à sa mission, qui est celle de  restaurer la dignité, accompagner les victimes par un soutien juridique et psychosocial, et garantir des réparations à la hauteur de leurs souffrances et de leur résilience.

Ainsi donc, cette journée renforce « notre détermination à transformer le deuil en mobilisation.
Que les victimes de tous les génocides, passés et présents, reposent en paix et dans la dignité éternelle. Et que le monde ne détourne plus jamais le regard des crimes qui avilissent son humanité commune ».

Soulignons qu’en République démocratique du Congo, cette journée revêt une portée particulièrement profonde. Les souffrances endurées par le peuple pendant plus d’un siècle ont trop souvent été accueillies par le silence, le déni et l’indifférence.

Le Congo a traversé deux grandes périodes d’extermination de masse toutes deux liées à l’exploitation brutale de ses richesses naturelles. De l’holocauste oublié du régime léopoldien du caoutchouc, marqué par le travail forcé, les mutilations et les incendies de villages, aux atrocités des trente dernières années dans l’Est du pays, sa terre porte les cicatrices de la violence déployée pour déposséder, déplacer et détruire des communautés entières au nom du profit et de l’ambition territoriale.
Ces crimes, précise le FONAREV, ne sont pas apparus spontanément. Il s’agit d’un « processus une succession d’actes planifiés, visant des groupes protégés dans l’intention de les détruire physiquement, psychologiquement et socialement », comme le souligne la Convention des Nations unies.
Ainsi, les enquêtes menées par le FONAREV, aux côtés de spécialistes nationaux et internationaux, ont établi les actes matériels et l’intention génocidaire qui caractérisent les massacres de Kasika, Kamituga, Katogota, Makobola, Mwenga, Kalima, Tingi-Tingi et de nombreuses autres localités. Ces meurtres, précise le communiqué, n’étaient pas des excés aléatoires de la guerre; « ils étaient systématiques, coordonnés et dirigés contre des groupes ethniques spécifiques, souvent accompagnés d’une cruauté extrême, de violences sexuelles et de déplacements forcés ».
A cet effet, l’Annuaire des massacres compilé par le FONAREV documente plus de 1 500 violations avérées, comprenant des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des violences généralisées à l’encontre des femmes et des filles.

Les survivants portent encore des blessures invisibles et visibles, tandis que des millions de personnes demeurent déplacées, dépossédées et traumatisées. Leur dignité a trop souvent été bafouée, mais elle ne sera pas oubliée.

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