Environ 50 millions de personnes à travers le monde vivent avec l’épilepsie, une maladie neurologique souvent méconnue et stigmatisée.

À Bukavu, spécialistes et médecins tirent la sonnette d’alarme : un diagnostic précoce et un traitement suivi pourraient changer des vies, mais le chemin reste semé d’embûches.

Bukavu a été le théâtre, hier, d’une rencontre cruciale entre neurologues, internistes, psychiatres et pédiatres venus alerter la population sur les dangers silencieux de l’épilepsie. Selon le Dr Germain Mudumbi, pédiatre à l’Hôpital Provincial Général de Référence, « les signes d’alerte sont parfois subtils : des absences soudaines, des mouvements incontrôlés ou un regard figé. Trop souvent, ces symptômes sont ignorés ou mal interprétés ». Le Dr Mudumbi insiste sur l’importance d’une consultation rapide : « Chaque jour compte pour limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie ».

Dans la salle, plusieurs parents de jeunes patients expriment leur inquiétude. « Mon fils avait des convulsions depuis l’âge de trois ans, mais nous pensions qu’il jouait simplement avec son corps », confie Mme Mbayo, la voix tremblante. La frustration se lit sur le visage des familles qui se heurtent à un manque d’information et à des préjugés persistants autour de cette maladie.

Le Dr Charles Katshungulu, neurochirurgien, apporte un message à la fois rassurant et alarmant : « L’épilepsie est traitable, parfois guérissable grâce à des molécules adaptées. Mais lorsque le patient développe une résistance aux traitements, il devient inéligible à la chirurgie du cerveau. Cela rend la prévention et l’adhésion au traitement d’autant plus cruciales ».

Les réactions de la société civile et des associations locales ont été immédiates. Jean-Claude Nsimba, président d’une association de soutien aux personnes vivant avec des troubles neurologiques, s’exclame : « Nous devons briser le silence et la stigmatisation. Chaque personne touchée mérite un suivi médical approprié et un accompagnement social ! » Cette urgence est ressentie jusque dans les quartiers, où les habitants témoignent des difficultés rencontrées pour accéder à des spécialistes.

« Les gens pensent encore que c’est un sort ou une malédiction », confie un voisin d’un patient suivi à Bukavu. « Cela retarde le traitement et expose nos enfants à des risques évitables ». Les experts insistent : sensibiliser la population, former les soignants et faciliter l’accès aux médicaments sont des priorités absolues pour éviter que la maladie ne se transforme en tragédie silencieuse.

La rencontre s’est conclue sur un appel unanime : l’épilepsie n’est pas une fatalité. Avec un diagnostic précoce, un traitement suivi et le soutien des familles et de la communauté, des millions de vies pourraient être transformées. Comme le résume le Dr Mudumbi : « L’information et l’action valent plus que le silence. Chaque crise maîtrisée est une victoire sur la maladie ».

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