Dans les villages meurtris de Mbinga-Sud en territoire de Kalehe dans la province du Sud Kivu, la faim n’est plus une menace : elle est devenue un visage, un souffle court, un corps qui s’affaiblit.
L’Association sans but lucratif Union paysanne pour le développement et la lutte contre la malnutrition (UPDLM) tire une sonnette d’alarme glaçante : la malnutrition gagne du terrain, frappe les enfants en premier et dévoile l’ampleur d’une crise humanitaire oubliée.
Dans les villages de Bushushu et Nyamukubi, la détresse n’a plus besoin d’être décrite : elle s’observe dans les corps fragilisés, les regards épuisés, les enfants aux ventres ballonnés et aux bras amaigris. Depuis octobre, les habitants voient réapparaître des symptômes longtemps associés aux périodes de famine. « Nous ne reconnaissons plus nos propres enfants », souffle une mère de Bushushu, les yeux embués.
L’alerte, cette fois, est formelle. L’Union paysanne pour le développement et la lutte contre la malnutrition (UPDLM) affirme que les cas se multiplient dans une inquiétante progression. Selon son secrétaire, Clément Rubambiza, les premiers signaux ont été ignorés faute de moyens. « Le danger était là, mais personne n’avait de quoi intervenir », confie-t-il avec amertume.
Le phénomène ne touche pas seulement les villages : les camps de transit de Lwako, Mushonezo, Katashola et Kastirusoru 1 et 2 voient également la situation s’aggraver. Dans ces lieux déjà saturés, l’absence de nourriture adéquate transforme chaque journée en lutte. « Nous survivons, mais ce n’est plus une vie », se plaint un père déplacé à Katashola, tenant dans ses bras un enfant trop faible pour se tenir debout.
Pour l’UPDLM, les causes sont claires : les guerres successives, les catastrophes naturelles, les déplacements répétés. « Quand la population n’a plus de champs, plus de maison, plus d’épargne, elle n’a plus de résistance », explique Rubambiza. Les crises, en cascade, ont effacé toute marge de survie.
Les habitants, eux, n’ont plus la force des discours. « Nous avons crié, supplié, mais rien ne change », témoigne une femme réfugiée à Mushonezo. Le désespoir grandit, car les médicaments manquent, les vivres manquent, l’espoir manque.
C’est pourquoi l’UPDLM lance un appel urgent aux organisations humanitaires. « Si rien n’est fait maintenant, nous allons perdre des vies chaque semaine », avertit Rubambiza. Derrière ces mots, c’est une vérité implacable : Mbinga-Sud ne demande plus de l’aide, elle implore un sauvetage immédiat.


