À Kalonge et Bunyakiri, l’arrêt brutal du trafic sur la Route nationale numéro 3 ne bloque pas seulement les échanges commerciaux. Il met surtout en danger la santé des enfants.
Depuis près d’un mois, la fermeture de cet axe stratégique compromet gravement la campagne de vaccination contre la poliomyélite, au risque d’une catastrophe sanitaire silencieuse.
Depuis plusieurs semaines, aucun véhicule n’est autorisé à circuler sur l’axe Miti–Bunyakiri-Wembo, en territoire de Kabare. Cette coupure totale de la RN3 isole le groupement de Kalonge et plusieurs entités de Kalehe et de Shabunda. « Quand la route est fermée, même la santé s’arrête », déplore un notable local, soulignant l’impact direct sur les services vitaux.
La campagne de vaccination contre la poliomyélite, pourtant cruciale, se retrouve sérieusement entravée. Les équipes sanitaires peinent à atteindre les zones enclavées. « Les vaccins doivent voyager sous chaîne de froid, à pied c’est presque impossible », explique un agent de santé impliqué dans la campagne. Un autre ajoute : « Chaque jour de retard expose des enfants à une maladie que nous pouvons pourtant prévenir ».
Dans les familles, l’angoisse grandit. À Kalonge, une mère témoigne, inquiète : « Mon bébé n’a pas encore reçu son vaccin, et personne ne peut venir jusqu’ici ». À Bunyakiri, un père de famille s’indigne : « On nous parle de protection des enfants, mais on ferme la route qui permet de les vacciner ». Ces voix traduisent une peur collective de voir réapparaître la poliomyélite.
La société civile monte au créneau. Éric Makusudi, président de la société civile de Rallonge, dénonce une situation qu’il juge irresponsable. « La RN3 est indispensable à la réussite de la vaccination. Bloquer cette route, c’est bloquer l’avenir sanitaire de nos enfants », affirme-t-il, appelant à une réouverture urgente pour sauver la campagne en cours.
Sur le terrain, même les relais communautaires sont à bout. « Nous sensibilisons, mais sans vaccins, nos messages sonnent creux », confie un animateur local. Un infirmier renchérit : « Si la poliomyélite revient, ce sera parce que la route est restée fermée trop longtemps ». Pour les populations de Kalonge et Bunyakiri, la réouverture de la RN3 n’est plus seulement une question de transport, mais une urgence de santé publique vitale.



