À Bushushu, dans le territoire de Kalehe, la peur ne s’est jamais vraiment dissipée depuis les inondations meurtrières de novembre 2025. Alors que de nouvelles pluies s’abattent sans répit, la société civile alerte sur un risque imminent de catastrophe, appelant les autorités et les humanitaires à une mobilisation immédiate.
Le village de Bushushu replonge chaque jour dans le traumatisme des crues des 21 et 22 novembre 2025. Les torrents avaient emporté des vies, détruit des maisons et laissé derrière eux un paysage de désolation que la communauté peine encore à reconstruire. « On vit comme si tout pouvait recommencer à tout moment », confie Aline, mère de quatre enfants, la voix tremblante. Ce sentiment est partagé par de nombreuses familles, toujours installées dans des zones instables.
Selon Mugisho Safari Djey, acteur de la société civile locale, les dernières précipitations font craindre le pire. Il explique que « la moindre pluie provoque désormais des coulées de boue et des débordements inquiétants ». La situation géologique fragile de Kalehe, combinée à une gestion inexistante des eaux, transforme chaque averse en menace mortelle. Les habitants décrivent un sol saturé et un climat devenu imprévisible.
Dans le centre du village, les traces de la précédente catastrophe restent visibles. Les murs fissurés, les toitures rafistolées et les terrains gorgés d’eau rappellent que la reconstruction est loin d’être terminée. « Nous n’avons reçu aucune aide pour déplacer nos maisons », regrette Kasereka, un agriculteur qui a perdu son champ emporté par les eaux. Faute de moyens, les sinistrés vivent toujours dans le même périmètre menacé.
Au marché local, l’inquiétude est palpable. Les commerçantes expliquent que la pluviométrie perturbe le ravitaillement et fait grimper les prix. « Quand il pleut fort, personne n’ose sortir. On a peur de revivre les scènes d’horreur », témoigne Mado, vendeuse de légumes. Cette paralysie économique accentue encore la vulnérabilité des familles déjà appauvries par les précédentes destructions.
Face à l’urgence, la société civile appelle à une action coordonnée : canalisation des eaux, reboisement, relocalisation des ménages exposés et présence renforcée des humanitaires. « Ce village a besoin d’un plan de sauvetage, pas seulement de promesses », insiste Mugisho Safari Djey. Et Jean-Pierre, un jeune du quartier, résume l’état d’esprit général : « On attend la prochaine pluie comme une condamnation».
Bushushu reste ainsi un symbole des communautés congolaises abandonnées face au changement climatique et à la fragilité environnementale de Kalehe.


