A Kalonge, l’école primaire Tchigiri/Celpa n’a plus de murs. Depuis la tempête du 20 novembre, plus de 150 écoliers suivent les cours sous le soleil brûlant et la pluie battante. La communauté craint une catastrophe éducative annoncée.
Les ruines de l’école primaire Tchigiri/Celpa, dans le groupement de Kalonge, sont encore fraîches. Là où se dressaient des salles de classe, il ne reste que des planches dispersées, des tôles tordues et des pupitres brisés. Le violent orage du 20 novembre 2025, accompagné de vents dévastateurs, a réduit l’établissement en un terrain nu. « On a tout perdu en quelques minutes, on n’a jamais vu un vent pareil », témoigne Jean-Pierre, enseignant de 4ᵉ année.
Depuis cette nuit de tempête, plus de 150 enfants apprennent désormais à ciel ouvert, assis sur des pierres ou à même le sol. L’école a improvisé une cour comme salle de classe, mais rien n’arrête les intempéries. « Mes enfants rentrent trempés chaque fois que la pluie tombe. Comment peuvent-ils encore apprendre ? » déplore Chantal, parent d’élève, visiblement bouleversée. Le manque de matériel expose les élèves à des risques sanitaires et à un retard scolaire majeur.
Face à cette situation chaotique, le directeur de l’école, Augustin Mudahinga, a lancé un appel urgent. « Nous n’avons même pas un tableau intact. Nous demandons de l’aide avant que ces enfants ne se découragent et quittent l’école », alerte-t-il. Les autorités locales, elles, reconnaissent la gravité de l’événement. « Ce sinistre dépasse nos capacités immédiates. Nous allons solliciter un appui provincial », déclare un responsable administratif, qui préfère garder l’anonymat.
Dans le village, le traumatisme reste vif. Les habitants se remémorent la puissance du vent qui a emporté les toitures comme du papier. « On croyait que la montagne allait s’effondrer tellement le vent faisait du bruit », relate Marie-Louise, vendeuse au marché de Kalonge. Cette catastrophe naturelle, loin d’être un simple incident, révèle la fragilité des infrastructures scolaires rurales au Sud-Kivu.
L’avenir des enfants de Tchigiri/Celpa repose désormais entre les mains de “personnes de bonne volonté”, comme le répète inlassablement le directeur. « Nous ne voulons pas que nos enfants deviennent la génération sacrifiée de Kalonge », insiste Mugisho, membre de la société civile. En attendant des secours, les écoliers continuent, stoïques, d’apprendre sous un ciel incertain, symbole d’une injustice éducative criante.


