Plusieurs établissements de soins de santé (ESS) offrant la gratuité de la maternité à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, sont confrontés à une pénurie criante de sages-femmes. C’est ce que révèlent les résultats de l’état des lieux sur la situation des sages femmes dans les 35 zones de santé de la ville-province de Kinshasa, présentés le 21 novembre dernier devant les partenaires et décideurs.
L’étude, menée par la Société Congolaise de la Pratique Sage-femme (SCOSAF) dans 180 maternités, visait à évaluer l’effectivité et l’utilisation des sages-femmes dans le contexte de la Couverture Santé Universelle (CSU) dans son premier axe qui est la gratuité de maternité.
C’est un tableau sombre : Déficit et conditions précaires
Le rapport met en évidence un déficit massif de sages-femmes et révèle de graves problèmes, dont la
pénurie structurelle. Plusieurs établissements des soins de santé offrant la gratuité de la maternité manquent de sages-femmes qualifiées. Aussi le problème d’affectation.
Selon le president national de l’Ordre des Sages-femmes, l’affectation interne du personnel pose un sérieux problème.
« Les sages-femmes sont des professionnelles et devront être utilisées par l’État. Ce qui justifie leur pénurie, c’est seulement parce qu’elles ne sont pas affectées. Elles attendent les affectations pendant que le besoin est réel sur le terrain », a indiqué Monsieur Ambrocckha Kabeya soulignant que le grand problème réside dans le traitement salarial et le statut de la sage-femme, qualifié non valorisant.
L’Enjeu de la qualité des soins
Selon Madame Annie Tshiamala, présidente nationale de la SCOSAF, le déploiement effectif et qualitatif des sages-femmes est indispensable pour la réussite de la gratuité de la maternité. Parce que, précise-t-elle; « Quand il y a engouement dû à la gratuité , il peut y avoir perte de la qualité des soins… La première question fondamentale était de savoir si la professionnelle de première ligne est là ».
A l’en croire, l’état des lieux révèle un problème de quantité et de bonne affectation. La sage-femme est la catégorie la moins représentée dans les ESS enquêtés.
» Plus grave, 20 etablissements de soins de santé n’ont aucune sage-femme. La conséquence est un ratio insoutenable : 1 sage-femme pour 239 femmes en âge de procréer », a-t- elle indiqué.
L’étude montre que 27% des sages-femmes sont affectées dans d’autres services que ceux de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR), les éloignant de leur rôle central.
Pour corriger ce tableau et garantir l’accès à des soins de qualité, l’atelier a recommandé l’amélioration urgente des conditions de travail des sages-femmes.
La prochaine étape consistera en l’élaboration d’une note technique et d’un argumentaire afin de circonscrire un message de plaidoyer fort et ciblé, comme l’a précisé la présidente de la SCOSAF . C’était en ces mots:
» Nous devrons mener le plaidoyer vu que le besoin est vraiment senti dans les structures pour l’affectation des sages-femmes et aussi par rapport à leur traitement ».
Soulignons que cette étude a été réalisée dans le cadre du projet Associations de Professionnels de la Santé (APS) mis en œuvre par l’ONG internationale ENDA Santé avec le financement de la Fondation Gates .


