En trois jours, près de 30 000 Congolais ont franchi la frontière burundaise dans une fuite chaotique provoquée par les combats FARDC–Wazalendo contre l’AFC-M23. Chiffres avancés par plusieurs sources dans la région. Accueillies à Kaburantwa et Kansega, ces familles traumatisées décrivent l’enfer qu’elles viennent de quitter et implorent une aide urgente face à des conditions d’accueil catastrophiques.
La colline de Kaburantwa, dans la commune de Bukinanyana, a été submergée ces dernières 72 heures par des milliers de Congolais fuyant des combats d’une intensité inédite. « On courait sous les bombes, on voyait les maisons exploser derrière nous », raconte Jeanne, arrivée avec trois enfants et un sac déchiré pour seul bagage. Dans la nuit de mardi, les habitants burundais affirment avoir entendu « des tirs sans interruption, comme un tremblement de terre ». Des familles entières, épuisées et hagardes, ont traversé la frontière en pleine obscurité pour échapper à ce qu’elles décrivent comme « un déluge de feu ».
Parmi les arrivants se trouvent majoritairement des femmes et des enfants. Beaucoup témoignent de scènes macabres. « On a laissé des corps derrière nous, on ne pouvait plus les enterrer », souffle un père de famille, encore couvert de poussière. Les localités de Luvungi, Bwegera, Luberizi, Mutarule et Sange sont citées parmi les plus dévastées. Plusieurs réfugiés affirment que leurs maisons ont été « détruites par des bombes tombées en plein centre du village ». À la frontière, certains parlent de quartiers entiers transformés en « villages fantômes », vidés en quelques heures.
Un accueil précaire et déjà saturé
Arrivés en catastrophe, les réfugiés ont été provisoirement dispersés entre des familles d’accueil, des églises et des écoles. « Nous avons déjà 15 personnes dans deux pièces, on ne peut plus en recevoir », témoigne un habitant de Kaburantwa. Face au flux massif, un nouveau site de transit a été ouvert en urgence à Kansega, dans la zone de Ndava, mais les conditions y sont dramatiques : absence d’abris, manque d’eau potable, aucun accès aux soins. Les humanitaires alertent sur un risque imminent d’épidémies. « Si rien n’est fait dans les heures qui viennent, le choléra va frapper », prévient un volontaire local.
Le ministre burundais de l’Intérieur, Léonidas Ndaruzaniye, s’est rendu sur place pour constater l’ampleur de la crise. « Nous cherchons des solutions rapides avec le HCR », a-t-il déclaré devant les déplacés massés à l’entrée du site de Kansega. Mais sur le terrain, les autorités locales se disent déjà dépassées. « Nous n’avons ni vivres, ni tentes, ni personnel médical. Si d’autres arrivent, nous ne pourrons plus gérer », alerte un responsable administratif à Buganda. Alors que les combats se poursuivent côté congolais, l’afflux risque encore de s’intensifier, plongeant le Burundi et des milliers de familles congolaises dans une incertitude totale.


