A Baraka, au Sud-Kivu, la vie quotidienne vire au combat permanent. Sous l’effet de l’insécurité persistante dans l’est de la RDC, attribuée aux violences du M23-AFC, les prix des produits de première nécessité explosent.
Marchés sous tension, ménages à bout de souffle, revenus en chute libre : la ville fait face à une crise économique aiguë qui plonge des milliers de familles dans une précarité alarmante.
À l’aube, les étals des marchés de Baraka se remplissent, mais les bourses restent vides. En quelques semaines, les prix ont grimpé à une vitesse vertigineuse. Un sac de farine de froment se négocie désormais entre 100 000 et 120 000 francs congolais, contre 50 000 FC récemment. « On regarde la marchandise sans pouvoir l’acheter », confie Jeanne, mère de cinq enfants, la voix tremblante. « Même avec tout mon salaire, je ne peux plus nourrir correctement ma famille».
La hausse frappe de plein fouet les produits de base. Le verre de sucre est passé de 500 à 1 000 FC, le sac de riz de 25 kg de 70 000 à 85 000 FC, tandis qu’un bidon d’huile OKI atteint 90 000 FC. Pour les vendeurs, la situation est tout aussi pénible. « Les clients se fâchent, mais nous aussi on achète cher », explique Musa, commerçant au marché central. « Si l’insécurité continue, les prix vont encore monter».
L’accès à l’eau et à l’énergie est devenu un luxe. Un bidon d’eau de robinet, autrefois à 100 FC, se vend désormais à raison de trois pour 500 FC. Le carburant, nerf vital de l’économie locale, a connu une flambée spectaculaire : de 3 500 FC le litre, il est passé à 10 000 FC. « Avec ce prix, travailler devient impossible », se lamente Patrick, motard de transport urbain. « On roule juste pour survivre, pas pour gagner».
Cette envolée du carburant a provoqué une hausse en cascade des coûts de transport. En ville, une course à moto coûte entre 1 500 et 2 000 FC, contre 500 à 1 000 FC auparavant. Pour sortir de Baraka, les tarifs deviennent dissuasifs. « Je préfère marcher que payer une moto », soupire Aline, étudiante. « Mais même marcher, c’est risqué quand la situation sécuritaire est instable».
Le panier de la ménagère atteint désormais des sommets, accentuant la vulnérabilité des familles déjà fragilisées par la baisse des revenus. « On saute des repas, on réduit les portions », avoue un père de famille rencontré à Kalundja. « Ce n’est plus une vie, c’est de la survie». Les organisations locales tirent la sonnette d’alarme et redoutent une aggravation de la malnutrition et de la pauvreté urbaine.
Face à cette situation jugée intenable, la population de Baraka lance un appel pressant aux autorités nationales et provinciales. « Sans la paix, rien ne peut fonctionner », insiste un notable local. « Il faut mettre fin à la guerre pour stabiliser les prix et relancer l’économie». En attendant, de nombreuses familles peinent à subvenir à leurs besoins quotidiens, dans une ville où, chaque jour un peu plus, survivre devient un défi.


