Derrière la mode des diastèmes artificiels à Bukavu, les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme. Modifier sa dentition sans encadrement médical comporte des risques importants : infections, instabilité des dents, douleurs chroniques ou troubles de la mastication. Pourtant, nombreuses sont les adolescentes qui recourent à des moyens artisanaux ou clandestins.
Selon le docteur Dismas Murhabazi, chirurgien-dentiste à l’Hôpital général de Bukavu, « ces pratiques se font sans antisepsie, avec des instruments rudimentaires. Certaines jeunes finissent avec des complications graves, allant jusqu’à la perte de dents ». Les infections liées à l’ouverture de l’espace interdentaire sont parfois mal soignées, faute de suivi.
La santé bucco-dentaire, souvent négligée dans les politiques de santé publique, est pourtant essentielle. Au-delà de l’apparence, elle conditionne la qualité de vie. Une mastication déficiente, une mauvaise occlusion ou la douleur permanente peuvent perturber le quotidien, le sommeil et l’alimentation.
Ce phénomène met aussi en lumière une fracture entre médecine conventionnelle et pratiques de rue. Faute de moyens ou de sensibilisation, les jeunes filles préfèrent les techniques accessibles, souvent proposées à moindre coût par des « artisans » sans qualification. Le gain esthétique immédiat prévaut sur les risques.
Il est urgent d’engager une campagne d’information dans les écoles, les centres de santé et sur les réseaux sociaux pour rappeler que la beauté ne doit pas coûter la santé. L’État et les ONG sanitaires ont un rôle à jouer pour encadrer et prévenir ces dérives.