A Bukavu, le quartier de Kadutu vit sous la menace permanente des éboulements qui avalent maisons et vies humaines.
Face au danger grandissant, des initiatives locales de reboisement tentent de sauver ce qui peut encore l’être. Entre violences du sol, constructions anarchiques et spoliations, la population appelle à un sursaut collectif.
Les flancs instables de Kadutu continuent de glisser, charriant chaque saison des torrents de boue, de pierres et de désolation. Mais au milieu de cette réalité alarmante, un souffle d’espoir renaît : des campagnes de reboisement s’étendent progressivement sur les zones jugées les plus vulnérables. “Si nous ne plantons rien aujourd’hui, bientôt il ne restera plus ni sol, ni maisons, ni vies”, prévient Lauriane Balitwe, habitante du quartier Funu, qui dit avoir “vu la terre bouger sous ses pieds”.
Le président de la société civile locale, Maïgal Maïsha, salue ces efforts qui pourraient enfin stabiliser des terrains meurtris depuis des années. Pour lui, planter, c’est sauver : “Chaque arbre mis en terre, c’est une famille protégée, une parcelle sécurisée, un accident évité.” Il dénonce par ailleurs les constructions anarchiques qui grignotent les collines fragiles, souvent sur fond de spoliations répétées.
Dans les ruelles pentues de Kadutu, les habitants observent le reboisement avec un mélange d’espoir et d’urgence. “Je dors avec la peur que la montagne s’écroule sur nos enfants”, confie Pacifique Mweri, père de trois enfants dont la maison se trouve “à moins de dix mètres d’une faille ouverte après la dernière pluie”. La population réclame désormais des sanctions fermes contre les bâtisseurs illégaux.
Pour les experts environnementaux, ces initiatives doivent être accompagnées d’un vaste programme de sensibilisation. “On ne peut pas reboiser et, en même temps, laisser construire n’importe où. Il faut choisir”, déclare Gentille Byabene, ingénieure en environnement, qui recommande des zones rouges strictes. Elle rappelle que le reboisement n’est efficace que s’il s’inscrit dans une politique globale de protection des collines.
Les jeunes de Kadutu, eux, s’engagent aussi. Armés de houes, de bêches et de plants, ils montent chaque week-end pour restaurer les pentes dénudées. “C’est notre quartier, notre vie. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place”, lance Didier Kasisi, coordinateur d’un groupe de volontaires. Les autorités sont désormais appelées à soutenir ces initiatives afin de prévenir de nouveaux drames.
Alors que la pluie continue de battre Bukavu, la population espère que l’horizon de Kadutu pourra enfin reverdir — et que le reboisement deviendra le rempart durable contre les éboulements meurtriers. Comme le résume Maman Furaha, vendeuse au marché : “Un arbre aujourd’hui, c’est une vie demain.”


