A travers un rapport provisoire dévoilé mardi 25 novembre 2025 à Bukavu, un consortium de 12 organisations expose une escalade des violences sexuelles, physiques et numériques contre les femmes et les filles du Sud-Kivu. Une réalité si choquante qu’elle en devient un cri d’alerte.
Lorsque les chiffres ont été annoncés, un frisson a parcouru la salle. Le rapport provisoire révèle 66 cas de violences sexuelles enregistrés entre janvier et novembre 2025. Parmi les victimes : des mineures âgées de moins de 17 ans, des jeunes femmes, des adultes… et même deux nourrissons de moins de trois ans. « Nous sommes face à une barbarie qui dépasse l’entendement », s’indigne une représentante d’organisation féminine.
Les auteurs présumés groupes armés, militaires, civils profitant du chaos sévissent dans toutes les zones de la province. Les violences prennent des formes cruelles : viols collectifs, tortures sexuelles, agressions sur les routes, dans les champs ou lors des déplacements quotidiens. « Ils m’ont attrapée alors que je revenais du marché. Je n’ai jamais revu mes marchandises… ni ma dignité », raconte une survivante.
Le tableau s’assombrit davantage avec 20 cas de violences physiques, dont des femmes âgées lynchées sous prétexte de sorcellerie. La guerre a même infiltré les foyers : les violences domestiques explosent sous l’effet du stress, de la faim et de la pression sociale. « Les familles vivent au rythme de la peur. Personne ne se sent en sécurité, pas même chez soi », déplore un chef communautaire de Walungu.
Les tendances mises en lumière par le rapport sont accablantes. Plus d’une victime sur deux est une mineure, un chiffre décrié par les défenseurs des droits qui y voient une attaque ciblée contre l’avenir même de la société. « On détruit des générations entières sous nos yeux », lance une éducatrice travaillant avec les survivantes. Les zones sous contrôle des groupes armés deviennent des enclaves de non-droit marquées par des violations graves, des disparitions et des arrestations arbitraires.
La pauvreté et la famine exacerbent les abus : certaines femmes sont forcées d’accepter des échanges sexuels pour obtenir de la nourriture. « Quand tes enfants pleurent de faim, tu fais des choix que personne ne devrait avoir à faire », murmure une mère de trois enfants. Cette détresse crée un climat où la violence se normalise et où la dénonciation devient un acte de courage presque impossible.
Face à cette tempête, l’impunité continue d’étouffer tout espoir de justice. Les auteurs sont rarement punís. « On remet les criminels à leurs chefs de guerre, et la boucle continue », accuse un militant. Ce cycle de silence, de peur et de violences laisse présager un avenir sombre pour les femmes du Sud-Kivu.
Le rapport final attendu à la fin du mois de novembre pourrait être le déclencheur d’un sursaut nécessaire. Mais pour les femmes et filles qui vivent cette guerre invisible, chaque jour compte déjà comme un nouveau combat.


