Le Centre d’expertise en droits humains et criminologie (Cedhuc) plaide pour la protection des personnes intersexes, qui sont doublement affectées, d’abord par elles-mêmes, ensuite par la communauté.
Au cours d’une matinée de sensibilisation, organisée le samedi, le 17 mai 2025 dans l’enceinte du Programme national multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA (PNMLS) en marge de la célébration de la journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, Cedhuc s’est saisi de cette occasion pour exhorter la communauté à accepter les personnes intersexes, qui les sont du fait de la nature. Aussi, à l’Etat de les protéger.
En effet, selon son coordonnateur, cette journée a été une occasion pour faire en sorte que plus jamais personne ne reste au bord de la route dans le cadre de la promotion et protection des droits de l’homme.
» Cette célébration nous a permis de nous remettre en question sur les comportements que nous affichons à la longueur de la journée à l’endroit des personnes qui sont différemment de nous, des personnes que nous appelons d’intersexes, qui sont tantôt femme tantôt homme (…) Nous avons donc profité de cette journée pour sensibiliser la population afin de prendre conscience de ce phénomène que nous avons dans la société où plusieurs personnes sont l’objet de discrimination inutilement de la suite de l’ignorance dans le chef de la population », a indiqué le Docteur Olivier Walawala.
Même son de cloche pour la Coordinatrice de l’Asbl Groupe-Inter Désir (GID), l’un des partenaires de cette activité, qui a estimé que les personnes intersexes méritent protection et reconnaissance tant par la communauté que par l’Etat. » Ce jour a mis en lumière les personnes intersexes, qui sont doublement affectées, d’abord par les enjeux exogènes. L’extérieur les étiquette comme des personnes sorcières, erreurs, anormales… Ce qui fait mal. Doublement, parce que déjà par elles-mêmes, elles vivent dans l’isolement. Elles vivent un conflit d’identité en elles-mêmes. Suis-je femme, homme… C’est une raison de plus pour dire que quand vous avez ces personnes dans la famille, dans les quartiers, il ne faut pas les discriminer ou encore les condamner. Ce sont des personnes à aimer telles qu’elles sont parce qu’elles n’avaient pas voulu être ainsi », a exhorté le docteur Ginette Ntumba, visiblement très émue du bon déroulement de cette jour, qui marque le début du combat.
Au-delà de l’exhortation, l’Asbl Groupe Inter-Désir, spécialisée dans la prise en charge des Congolais intersexes, pense que l’Etat congolais devrait aussi se pencher sérieusement sur cette problématique avec une loi spécifique pour pouvoir les identifier. Parce que ce sont des personnes qui sont ni hommes, ni femmes.
Relativement aux résolutions 55 du Conseil des Nations unies pour le Conseil des Droits de l’homme et de peuple, et 552 de l’Union africaine pour la Commission des Droits de l’homme et des peuples, le Cedhuc et l’Asbl GID ont un énorme travail à faire. Celui de de sensibiliser, parce qu’il n’y a pas un encadrement spécifique à l’égard des personnes intersexes.
» Ainsi, face à ce vide, nous plaidons pour la réforme législative sur cette loi, qui devrait protéger les personnes intersexuelles. Il y a également l’obtention d’une commission interministérielle qui devrait accompagner ces personnes intersexes pour leur intégration sociale sans toutefois qu’elles soient marginalisées ou discriminées« , a fait savoir le Conseiller juridique de l’Asbl GID, Monsieur Jean-Félix Dinienje.
S’alignant à cette idée, le Point focal Pays/VIH et des Droits humains du ministère de la Justice et Directeur général du Service de documentation et étude, représentée à ces assises par le chef de bureau, Monsieur Ebonda Mongengo Joel, est revenue encore une fois sur la sensibilisation, l’éducation et la collaboration multisectorielle sur cette thématique, qui pour elle, demeurent des leviers incontournables pour garantir l’accès aux droits fondamentaux et aux services essentiels pour chacun, sans exclusion. C’était avant de souligner la nécessité de bâtir un monde où chacun peut vivre librement, dans la dignité et le respect.
Bien avant cela, rappelons que le coordonnateur du Cedhuc avait jugé important l’insertion de cette question dans l’enseignement, dans la sensibilisation de la population en général et des groupes spécifiques. Ce qui permettrait de banaliser l’intersexualité, qui est un problème naturel.
Cette activité a été co-organisée par le Cedhuc et l’Asbl GID, avec l’appui financier du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).