Le choléra recule timidement au Sud-Kivu, mais l’ombre de l’épidémie plane toujours. Derrière la baisse des chiffres officiels, les autorités sanitaires redoutent une résurgence silencieuse alimentée par l’insécurité, les déplacements de populations et l’accès limité à l’eau potable.
La province du Sud-Kivu a enregistré une légère accalmie dans l’évolution des cas de choléra, avec une baisse de 145 à 108 personnes affectées entre le 8 et le 14 décembre 2025. Ces données, communiquées par le département d’hygiène et santé publique de la Division provinciale de la santé (DPS), ont été présentées lors d’une réunion d’évaluation sanitaire. Une amélioration qui soulage, sans pour autant rassurer totalement les spécialistes.
Pour le Dr Jean-Claude Kulondwa, responsable de l’hygiène et santé publique et point focal choléra à la DPS Sud-Kivu, la situation « n’est plus alarmante, mais reste préoccupante ». Il insiste sur la nécessité d’une vigilance accrue. « Le choléra ne disparaît pas parce que les chiffres baissent. Il se cache là où l’eau est sale et l’hygiène absente », avertit-il, appelant à une mobilisation collective pour rompre la chaîne de transmission.
Sur le terrain, les populations accueillent cette baisse avec prudence. À Bukavu, une mère de famille confie : « On respire un peu, mais la peur est toujours là. Dans notre quartier, l’eau potable reste un luxe ». Un relais communautaire de Kadutu renchérit : « Tant que les caniveaux débordent, le choléra peut revenir à tout moment ».
Les agents de santé, eux, restent sur le qui-vive. « Nous voyons moins de malades, mais les conditions n’ont pas changé », témoigne un infirmier d’un centre de traitement. À Uvira, un responsable communautaire alerte : « Avec l’insécurité, certains villages ne sont plus suivis. Les chiffres officiels ne reflètent pas toute la réalité ».
La DPS reconnaît d’ailleurs le caractère partiel des données. Plusieurs zones de santé n’ont pas encore transmis leurs rapports en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. « Là où nous n’avons pas accès, nous ne pouvons ni prévenir ni compter », regrette un cadre provincial de la santé, évoquant un risque de foyers invisibles.
Face à cette accalmie fragile, les autorités sanitaires appellent à ne pas baisser la garde. « Se laver les mains, traiter l’eau, signaler rapidement les cas suspects : ce sont des gestes simples qui sauvent des vies », rappelle le Dr Kulondwa. Un message relayé par une habitante de Bagira : « Si chacun fait sa part, le choléra n’aura plus d’espace pour nous frapper ».



