Le Sud-Kivu fait face à une flambée inquiétante de choléra : plus de 11 000 cas et 84 décès depuis janvier 2025. Katana, Fizi et Uvira paient le tribut le plus lourd, selon la Division provinciale de la Santé. Au terme d’une réunion stratégique, les autorités sanitaires lancent un cri d’alarme et appellent à une mobilisation urgente.
Le Sud-Kivu traverse l’une de ses pires crises sanitaires de ces dernières années. Selon les statistiques de la Division provinciale de la Santé, plus de 11 000 cas de choléra ont été enregistrés depuis le début de l’année 2025, causant 84 décès. Des chiffres qui font frémir et qui placent la province dans une situation d’urgence permanente. « Nous n’avons plus de répit dans nos structures sanitaires », confie un infirmier d’Uvira, visiblement dépassé par l’afflux des malades.
Dans les zones de santé les plus touchées, notamment Katana, Fizi et Uvira, la peur s’est installée dans les communautés. Les habitants témoignent d’un quotidien bouleversé par l’épidémie. « Chaque matin, nous prions pour ne pas perdre un membre de la famille », lâche, la voix tremblante, une mère de Katana rencontrée devant un centre de traitement du choléra. La maladie progresse, rapide, implacable.
Le Dr Jean-Claude Kulondwa, chef de bureau en charge de l’hygiène et de la santé publique à la DPS, évoque une situation critique. « Nous avons atteint un seuil qui exige une réponse plus structurée, plus énergique et plus durable », insiste-t-il devant la presse à l’issue de la réunion trimestrielle du groupe technique permanent. Les équipes sanitaires, déjà fragilisées, peinent à maintenir le rythme.
La réunion stratégique qui s’est tenue le vendredi 14 novembre 2025 à la DPS à Bukavu, a pour objectif d’évaluer l’efficacité du plan opérationnel de lutte contre le choléra, mais aussi de proposer des solutions nouvelles. « Nous devons renforcer la coordination, surtout entre les acteurs qui interviennent sur le terrain », martèle un membre de la société civile sanitaire, présent aux travaux. Plusieurs organisations estiment que la multiplicité des intervenants crée parfois des doublons et affaiblit la réponse.
Les recommandations formulées appellent à une action multisectorielle plus forte. Parmi elles : améliorer l’accès à l’eau potable, multiplier les points de chloration, intensifier les campagnes de sensibilisation et renforcer les équipes d’intervention rapide. « Nous voulons une riposte agressive, capable de casser la chaîne de transmission », affirme avec détermination un agent de santé de Fizi.
Sur le terrain, les communautés demandent plus de moyens et un engagement durable. « Nous avons besoin d’eau propre, pas seulement de messages à la radio », insiste un enseignant d’Uvira. Car pour beaucoup, la lutte contre le choléra ne se gagnera pas seulement dans les réunions techniques, mais dans les quartiers où les familles se battent chaque jour pour survivre.


