La ville d’Uvira est entrée dans une zone de turbulence depuis le lundi 8 septembre 2025.
Ce jour-là, une marche pacifique organisée par des habitants pour contester la nomination du général Gasita comme commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire a rapidement dégénéré, laissant derrière elle un lourd bilan humain et un climat de peur.
Une marche pacifique qui bascule
Au départ, la manifestation s’était voulue non violente. Des dizaines d’habitants se sont rassemblés dans le quartier Mulongwe pour déposer un mémorandum auprès du maire ad intérim d’Uvira, Kapenda Kifara Kiki.
« Nous voulions simplement exprimer notre refus, pacifiquement », témoigne un résident.
Le maire, après réception du document, a invité les manifestants à se disperser dans l’attente d’une réponse. Mais la foule a refusé de quitter les lieux, signe de la méfiance et de la frustration accumulées face à ce qu’elle considère comme une décision imposée sans concertation.
Une répression brutale
La situation a basculé lorsque les forces de l’ordre ont tenté de disperser les protestataires. Des tirs ont retenti, semant la panique dans la ville.
Selon un bilan provisoire établi par des sources hospitalières, au moins sept personnes ont trouvé la mort, dont six civils et un militaire, et treize autres ont été grièvement blessées.
« C’était catastrophique. Pas de vie, pas de circulation, sauf pour les convois diplomatiques », raconte un témoin encore sous le choc.
Les Wazalendo en arrière-plan
Si les combattants Wazalendo, farouchement opposés à la nomination du général Gasita, n’ont pas pris part à la marche, leur présence en arrière-plan nourrit les inquiétudes. Certains habitants affirment qu’ils se préparaient à mener des actions violentes dans la nuit.
« Ils préparaient un carnage, mais nous avons réussi à les arrêter », rapporte un groupe de résidents, soucieux d’éviter un bain de sang encore plus dramatique.
Une ville paralysée
Depuis ces affrontements, la circulation est quasi inexistante et les activités restent suspendues. La population pose une condition claire : aucun retour à la normale tant que le général contesté demeure en fonction.
« Pas de circulation jusqu’à ce qu’il parte. C’est l’anarchie ici. Pas d’autorité, pas de justice », déplore un habitant.
Un climat d’incertitude
La crise d’Uvira met une nouvelle fois en lumière la fragilité sécuritaire dans l’est de la RDC. Entre armée régulière, groupes armés et une population civile méfiante, l’équilibre reste précaire.
« La marche avait été volontairement organisée par des civils pour éviter que les Wazalendo ne soient accusés d’émeutes », explique un observateur local. « Mais la répression a transformé une revendication pacifique en drame sanglant. »
Alors que la tension reste vive, Uvira vit au ralenti, suspendue aux décisions des autorités militaires et politiques. Mais pour de nombreux habitants, le sentiment dominant est celui d’une profonde incertitude quant à l’avenir immédiat de leur ville.