Intervenant le mardi 04 décembre dans le 3è panel sur le rôle des médias dans le questionnement des gouvernements sur leur redevabilité sur les questions de protection des droits humains et particulièrement ceux des femmes et des filles, la journaliste professionnelle à l’Office de radio et télévision du Bénin (Ortb), Cecile Goudou estime important pour les journalistes de spécialiser sur des thématiques précises afin de mieux aborder le sujet.
« Globalement au-delà de l’information, les journalistes ont également le rôle de l’interpellation. C’est une partie du rôle qu’on confère aux députés qui doivent interpeller le gouvernement. Egalement, le journaliste a ce devoir là, de rappeler aux responsables, aux dirigeants de son pays que les droits des femmes ne sont pas respectés et ressortir les aspects assez spécifiques au contexte du pays sur les violations des droits des femmes et des jeunes filles. Et donc, ce que j’ai proposé au cours de ce panel, c’est la spécialisation sur la question des droits des femmes et des filles. On voit qu’il y a beaucoup de domaines de spécialisation dans les médias mais on ne fait pas attention aux questions de violences basées sur le genre. Ou parfois on considère que ce ne sont pas des thématiques qui méritent une spécialisation mais les enjeux aujourd’hui autour du respect des droits de la femme et de la fille sont si important qu’on ne peut plus avoir dans une rédaction une absence totale des confrères ou consœurs qui soient pointés sur ces questions », a-t-elle recommandé.
A l’en croire, la spécialisation demande de sacrifice, mais aussi et surtout la maitrise d’abord des textes législatifs du pays, des langages, des thèmes clés… Bref, savoir de quoi l’on parle.
« C’est la spécialisation qui nous donne les outils pour mieux arriver à capter ce genre des choses pour pouvoir interpeller les dirigeants », a Cecile Goudou d’un ton élevé.
Outre le point relatif à la spécialisation, cette consœur du média public béninois a fait savoir à l’assistance qu’il est important pour les journalistes de profiter des moments forts ou encore de sensibilité des dirigeants pour faire passer les messages qui pourront les interpeller. Il s’agit selon elle, par exemple pendant les périodes clés des élections où les dirigeants sont très sensibles et ils sont plus à l’écoute… « Et donc, pendant cette période, le journaliste peut exploiter les thématiques développées pendant la campagne et ressortir maintenant les aspects de violation des droits des femmes et des filles pour pouvoir faire passer les messages », a-t-elle exhorté. C’était avant d’aborder le dernier point de son intervention sur ce qu’elle a appelé « le journaliste collaborateur ».
Cecil Goudou indique qu’il s’agit ici de collaboration qui doit exister entre les professionnels des médias…Cette collaboration vient comme on peut l’imaginer, renforcer les capacités des journalistes à mettre déranger les décideurs face aux violations des droits des femmes et des filles.
« Ces questions sont aujourd’hui transnationales. On est presque dans le même contexte dans nos pays. Si je reste au Benin et je ne travaille que sur ça dans mon compte, dans ma rédaction, peut-être que je ne ferai pas autant d’effets que si je le fais avec un confrère camerounais, congolais… Ca fait autant des méthodes qui nous amènent aujourd’hui nous journalistes à interpeller nos dirigeants en leur montrant que les droits des femmes et des filles sont violés et qu’il faut faire quelque chose », a-t-elle conclu.
Les journalistes Edouard Gning à Brut Afrique et Bakary Gueye, directeur de publication du site d’information Initiatives News en Mauritanie avaient aussi participé à ce panel.
Le Forum des médias sur l’élimination des violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles en Afrique a pour thème : « Respect des droits humains et autonomisation des femmes ».
Il est organisé par le Réseau des Médias africains pour la promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) avec l’appui de l’ONU Femmes et du Fonds français Muskoka. Il vise à renforcer les capacités de professionnels des médias mais aussi le partage d’expériences pour l’élimination de ce fléau.
Au total 75 journalistes, membres du REMAPSEN, venus de 36 pays africains francophones, anglophones et lusophones prennent part à ce Forum pendant trois jours, soit du 04 au 06 décembre 2024.
Ce Forum fait suite aux deux derniers organisés en 2022 à Dakar sur l’impact de la Covid19 dans la lutte contre le VIH/SIDA avec l’appui du Programme commun des Nations unies contre le VIH/SIDA (ONUSIDA), et celui tenu l’année passée à Lomé au Togo sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition avec l’appui du bureau région du Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF).