À Kamituga, la population vit dans la peur permanente à cause de la recrudescence des attaques armées et des pillages.
Mais ce qui choque le plus, c’est le silence ou la lenteur des autorités locales et sécuritaires face à cette insécurité. Plusieurs habitants dénoncent une absence de mesures concrètes pour protéger la ville. « Quand on alerte la police, elle arrive toujours après les faits. Nous avons l’impression d’être abandonnés », regrette Marie, vendeuse au marché central.
Dans les quartiers périphériques, certains habitants vont plus loin et accusent directement les autorités de complicité passive. « Comment expliquer que des bandits armés circulent librement avec des armes lourdes sans être inquiétés ? », s’interroge Patient, un jeune taximan-moto. Pour lui, l’État n’assume pas son rôle régalien de garantir la sécurité des citoyens. Plusieurs jeunes affirment qu’ils n’ont plus confiance ni en la police, ni en l’armée, jugées inefficaces.
La société civile, de son côté, hausse le ton contre ce qu’elle qualifie de « gouvernance sécuritaire défaillante ». « Nous ne voyons ni stratégie claire ni volonté réelle de stopper l’insécurité. Les autorités se contentent de discours, mais la population continue de payer le prix fort », déplore Chantal Munganga, membre d’une organisation citoyenne. Elle plaide pour une réorganisation profonde des services de sécurité et l’implication des leaders locaux dans les réponses.
Face à ces critiques, un responsable administratif de Kamituga, qui a requis l’anonymat, reconnaît des difficultés mais rejette l’idée d’un abandon. « Les moyens sont limités et la zone est vaste. Nous faisons ce que nous pouvons avec les effectifs disponibles », explique-t-il. Mais pour la population, ces justifications ne suffisent plus. Dans l’attente de solutions concrètes, certains envisagent déjà de recourir à la justice populaire pour se défendre, signe d’une confiance largement érodée envers les autorités.