À Kalonge, dans le territoire de Kalehe, la colère gronde : des chefs d’établissements publics renvoient des enfants pygmées faute de frais scolaires, en violation flagrante de la loi garantissant leur gratuité scolaire. Les parents dénoncent une injustice qui brise des destins et attise les tensions dans cette région déjà fragile.
Dans le groupement de Kalonge, les témoignages se multiplient et décrivent le même scénario : des enfants pygmées, cartable en main, se voient refuser l’accès aux salles de classe. « Le directeur lui a dit de rentrer tant qu’on n’a pas payé. Mais comment payer ce qui est gratuit par loi ? », s’insurge Furaha, mère de quatre enfants. Cette incompréhension se transforme en humiliation pour des familles déjà marginalisées.
La loi du 22 juillet 2022 sur la protection et la promotion des droits des peuples autochtones pygmées est pourtant claire : son article 22 impose un accès obligatoire et gratuit à l’enseignement primaire et secondaire dans les écoles publiques. « C’est une violation grave, une provocation même», dénonce avec colère un enseignant de Kalonge qui préfère garder l’anonymat. Les parents parlent d’une situation devenue « systématique », presque institutionnalisée.
Face à cette dérive, la pression communautaire augmente. « Nos enfants n’ont jamais demandé d’être pygmées, mais ils ont droit à la même école que les autres », confie un chef de famille, la voix tremblante. Les familles décrivent des enfants traumatisés, qui n’osent plus se présenter à l’école par peur d’être humiliés devant les autres élèves.
Dans ce climat étouffant, Takobajira Kulimushi Pascal, défenseur des droits des peuples autochtones à Kalehe, dénonce avec force ce qu’il qualifie « d’injustice organisée ». « Nous ne pouvons plus tolérer ces abus qui piétinent nos enfants. Nous allons saisir toutes les autorités compétentes», avertit-il. Sa déclaration galvanise les parents, déterminés à ne plus se taire.
Les organisations locales des droits humains commencent à s’intéresser à ce dossier qui prend une ampleur alarmante. « Chaque enfant rejeté aujourd’hui, c’est une vie cassée demain», résume un activiste de Bukavu. À Kalonge, la lutte pour l’école devient un symbole : celui d’un peuple qui refuse de disparaître dans l’indifférence.



