L’Asbl « La Main sur le Cœur », interpelle le Gouvernement congolais sur la nécessité de rendre opérationnel « Fonds SIDA ». Une démarche salutaire qui aurait permis au pays d’assurer la prise en charge de ses propres malades maintenant que les financements extérieurs sont en train d’être suspendus.
Le monde entier célèbre ce mercredi, 07 mai, la journée, dédiée aux orphelins du VIH/SIDA. Une célébration, qui tombe dans un contexte difficile pour la République démocratique du Congo, qui, d’un côté fait face à la guerre d’agression dans sa partie Est, où des nombreux enfants malades du SIDA se retrouvent dans la rue après que leurs structures de prise soient détruites, tandis que d’autres ont été pris de force par les groupes armés. De l’autre côté, le pays assiste impuissant à la suspension des financements du Pepfar et du Fonds mondial, les deux principaux bailleurs dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le Paludisme. Ces deux partenaires financent la riposte contre ces trois maladies à la hauteur de 80% dans ce pays continent, où l’on compte environ 520.000 personnes vivant avec le VIH, dont 300.000 femmes et 50.000 enfants avec plusieurs autres défis.
En 2023, la Rdc a recensé environ 21.000 nouvelles infections de VIH, dont 7.000 parmi les enfants, pour 11.000 décès dus au SIDA, et figure parmi les pays dont les mesures de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant sont les plus faibles.
Devant ce tableau sombre, la présidente de l’Asbl « La Main sur le cœur », qui s’exprimait à l’occasion de cette journée, estime opportun pour le Gouvernement congolais de concrétiser l’initiative prise il y a quelques années passées du « Fonds SIDA ».
« C’est une initiative salutaire, qui nous aurait permis de nous prendre en charge au regard du contexte de guerre que vit le pays, et aussi du financement des bailleurs qui diminue et tend à être complétement suspendue (…) », a fait savoir Madame Dany Nyembwe, qui n’a pas hésité de s’interroger sur l’attitude du ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale maintenant que les partenaires retirent leurs financements. « Est-ce qu’il y a une solution palliative », s’est-elle de nouveau interrogée, avant de souhaiter de tous ses vœux la mise en place du « Fonds SIDA » comme c’est le cas avec le Fonds culturel et autre…
« S’il y a ce fonds-là », revient-elle : « ce fonds doit être réactivé pour que nous puissions prendre en charge réellement les besoins de santé en faveur des personnes vivant avec le VIH ».
Pas de diner de Gala ce 07 mai
Exceptionnellement pour cette date, l’Asbl « La Main sur le cœur » n’a pas prévu organiser comme à la coutume, son traditionnel diner de gala. Le contexte politique, fragilisé par la guerre à l’Est du pays, où elle avait beaucoup investi dans la prise en charge des enfants malades mais aussi des familles déplacées à cause de la guerre, ne permet pas. Cependant, elle prévoit l’organiser le 07 décembre 2025 prochain, et invite toutes les personnes qui se sont toujours jointes à elle, ces personnes qui ont compris le bien fondé de cet élan de solidarité de prendre leur mal en patience. Tout est en marche pour cette nouvelle date. C’est ce qu’a dit la présidente de l’Asbl.
« Et donc, comme chaque année, pour nous le 07 mai n’est pas seulement une journée mondiale des orphelins du VIH/SIDA. Mais, c’est aussi une journée que l’on doit se rappeler que beaucoup de nos enfants ont perdu leurs parents à cause du SIDA. Et donc, aujourd’hui, nous n’aurons pas ce diner de gala. Il est renvoyé au 07 décembre prochain. Tout est déjà à l’œuvre, notamment les affiches et autres sont conçues pour cette date à laquelle nous invitons nos partenaires à se joindre à cette noble et salutaire action que nous organisons de ces enfants qui ont besoin de votre cœur pour vivre », a indiqué Madame Dany Nyembwe.
L’avenir de ces enfants malades
C’est ici que tous les violons doivent s’accorder afin de sauver cet avenir, qui risque d’être compromis si rien n’est fait. Pour cela, le Gouvernement, la société civile, mais aussi les bailleurs de fonds, chacun en ce qui le concerne, devra s’assumer pour sauver ces enfants, malades et pour qui malheureusement la prise en charge n’est pas au point. C’est ce qu’a déploré la présidente de l’Asbl « La Main sur le cœur ». C’était en ces termes :
« Le plus grand problème aujourd’hui est que la prise en charge pédiatrique est toujours difficile en République démocratique du Congo. On n’a pas encore l’accès total aux médicaments Arv pédiatriques. C’est un réel problème, parce que la prise en charge doit être globale. Et lorsqu’on regarde aujourd’hui, c’est vrai que nous, la main sur le cœur prend en charge les enfants en payant les frais scolaires d’une partie des enfants et le dernier que nous prenons en charge, va terminer ses études de médecine cette année. Mais je crois que pour nous, ce n’est pas le fait de payer les études ou encore de les accompagner ou encore de les assister dans leur quotidien, mais c’est de dire quel est l’avenir pour ces enfants-là? On doit regarder avec conscience et courage ce que sera l’avenir de ces enfants dans cinq ans, dix ans ».
Soulignons qu’il y a cela plus de cela 4 ans passés que l’Asbl » la Main sur le coeur », spécialisée dans la prie en charge des orphelins malades du VIH/SIDA, s’était levée contre cette attitude passive du pays d’attendre les financements extérieurs. A la place, elle proposait une mobilisation domestique, des productions locales des médicaments. Dommage que tout cela n’ait pas été suivi.