La ville de Baraka, jadis poumon économique du territoire de Fizi dans la province du Sud Kivu, vit aujourd’hui une profonde détresse. Depuis la chute de Bukavu entre les mains de l’AFC/M23, cette cité subit de plein fouet les effets de l’isolement. Les routes sont impraticables, les denrées introuvables, les soins médicaux inaccessibles.
Le quotidien y est devenu une lutte pour survivre, comme en témoigne Levis Saidi, acteur local de la société civile. À ses dires, Baraka est désormais ravitaillée tant bien que mal depuis la Tanzanie et le Burundi, mais les taxes douanières et les tracasseries alourdissent le fardeau des commerçants et des consommateurs.
Le niveau du lac Tanganyika, en crue, a submergé la Route Nationale numéro 5 à Luhanga, compliquant encore davantage le transport. Résultat : les prix flambent. La farine coûte le double, les sambaza deviennent un luxe. Pendant ce temps, les fonctionnaires ne sont plus payés, les ONG désertent la zone, et la famine se propage dans les foyers. Des centaines de familles, n’ayant plus de quoi subsister, fuient vers les pays voisins ou se réfugient dans les villages alentour, vivant d’agriculture ou de pêche de subsistance.
Baraka n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les hôtels sont vides, les commerces fermés, les centres de santé en rupture de stock. Les témoignages des soignants, hôteliers et défenseurs des droits humains dressent un tableau sombre : malnutrition, désespoir et insécurité. Pire, malgré la crise, les habitants doivent encore affronter les barrières érigées par des groupes armés, qui rançonnent sans relâche. Dans ce marasme, les voix locales s’élèvent pour appeler au retour de la paix et à la réouverture des voies commerciales. Car sans sécurité, ni circulation, c’est tout un peuple qui s’éteint à petit feu.
Eugide Abalawi