C’est avec beaucoup d’amertumes que le Réseau des Associations congolaises des adolescents et jeunes contre le VIH/SIDA, le Paludisme et la Tuberculose (RACOJ) a vu son projet, axé sur la sensibilisation des enfants des militaires sur VIH, s’arrêter après la suspension du financement de l’Agence américaine pour le développement (USAID).
Selon la Coordinatrice nationale de cette structure des adolescents et jeunes, c’était une première dans l’histoire de la lutte contre le VIH de penser à cette catégorie de la population. Les enfants des militaires. Ils étaient la cible principale de ce projet, qui malheureusement s’arrête alors que ces jeunes, enthousiasmés, trouvaient en « nos interventions des bons moments d’apprentissage sur le VIH, qu’ils regardaient de loin ».
Parlant de ces échanges, la coordinatrice nationale de RACOJ, le Docteur Rachel Ndaya, indique que c’était des moments d’intenses convivialité entre ses équipes et les jeunes, qui n’hésitaient pas de poser des questions sur la pandémie et sur les autres questions de santé.
« Nos équipes faisaient les déplacements pour les camps. Une première fois en tout cas. Nous échangions sur comment se protéger, comment éviter le VIH, ce quoi le VIH…Ils étaient très intéressés à ces échanges, qui les captivaient et les occupaient en même temps. Ils venaient toujours nombreux lors de ces causeries. Certains parents aussi (…) Et donc, cette mesure du Gouvernement américain de suspendre le financement, est venue casser ce que nous faisions déjà (…) Les bénéficiaires sont vraiment déçus parce que c’était des interventions typiquement VIH, santé sexuelle et reproductive, qui, intéressent plus les jeunes », a fait savoir la Coordinatrice du RACOJ, sur qui on pouvait lire la grande déception.
Mais cela ne l’a pas empêchée de poursuivre à louer le bien fait de ce projet initié par le bureau pays de la Fondation Elisabeth Glaser (EGPAF) avec le financement de l’USAID.
A l’en croire, les interventions de son réseau ont permis aux bénéficiaires d’enlever ce mythe qu’ils se sont faits autour de la pandémie du VIH. Pour la plupart de ces jeunes, le VIH n’existe que chez les autres. Ils voyaient toujours le VIH de loin. Ils ne connaissaient pas malheureusement exactement ce quoi le VIH.
Les interventions que le RACOJ a menées dans ces milieux, dont la plupart laissent à désirer, ont été salutaires pour ces jeunes qui ont finalement compris la réalité de cette maladie.
« C’étaient des bons moment de partage avec ces jeunes dont la plupart n’étudient pas. Ils trouvaient auprès de nous des meilleures occasions qui prenaient leur temps et dont ils bénéficiaient par rapport à leur santé. Nous pensons que les choses vont changer mais nous n’avons pas croisé les bras par rapport à ça. On continue à mobiliser d’autres bailleurs, qui pourront voir cette cible. Parce que de fois dans des activités qu’on planifie les enfants des militaires ne sont pas vraiment pris en compte ».
Pour le moment, c’est la grande et lourde déception, qui malheureusement caractérise ces jeunes, dont la plupart n’ont pas d’occupations, et se livrent à la longueur des journées à l’incivisme urbain.
Même sentiment pour le RACOJ, qui espérait au travers de ses interventions arriver à imprimer un nouveau comportement, plus responsable, dans ces jeunes, qui certainement à leur tour allaient sans doute, influencer leur environnement, réputé de vilenie, de promiscuité favorisant l’expansion de plusieurs maladies.
Ainsi, en dépit de l’arrêt du financement américain, le RACOJ ne compte pas s’arrêter à mi-chemin. Il estime que la riche expérience acquise avec ces enfants et jeunes dont les parents sont au front, devra être capitalisée. Les regards sont tournés donc vers d’autres bailleurs tout en espérant que le Gouvernement congolais pourra s’y pencher afin de sauver la vie de ces jeunes, qui sont son avenir.
« Ils sont déjà en train de vivre le présent, et nous pensons qu’avec tout ce qu’il y a eu comme effort de guerre, le Gouvernement va vraiment fournir les efforts dans le secteur même de la santé, parce que si les parents qui sont au front, savent que leurs enfants sont quand-même pris en charge à la maison, je pense que ça va aussi remonter leur moral pour bien gagner cette guerre qui nous est imposée par le Rwanda », a conclu le Docteur Rachel Ndaya.