En ce premier semestre 2025, les chiffres des déplacés internes explosent, portés par l’intensification des combats entre les troupes de l’AFC/M23 et les FARDC épaulées par les Wazalendo dans la province du Sud Kivu. Plus de2 080 000 déplacés internes sont comptés.
Des rapports d’agences humanitaires, comme OCHA, font état de plus de 2 080 000 déplacés internes et 514 000 personnes retournées, enregistrés rien qu’avant la fin du premier trimestre. Du nord au sud de la province, les populations fuient les zones de combat pour trouver refuge dans des zones supposées plus stables, souvent accueillies par des familles ou parquées dans des sites improvisés.
La situation est particulièrement critique dans les territoires de Kalehe, Kabare, Walungu, Mwenga et Fizi. En janvier, Minova accueillait déjà des centaines de familles en provenance du Nord-Kivu. Mais avec la chute de cette cité stratégique, les déplacements se sont étendus jusqu’aux portes de Bukavu. Entre février et mai, plus de 17 000 déplacés ont été recensés dans les aires de santé de Kalehe et Ishovu, tandis que 24 500 autres ont fui les affrontements sur l’axe Bukavu-Nyangezi-Kaziba vers Luhwindja. Dans les territoires du Sud comme Mwenga et Fizi, 129 500 déplacés supplémentaires ont été recensés, sans compter les 100 000 signalés dans un communiqué officiel du territoire de Fizi le 17 juin.
Le drame ne s’arrête pas au déplacement seul. Partout, les besoins humanitaires sont immenses : manque d’abris, d’eau, de soins, de nourriture. Les ONG sont freinées par l’inaccessibilité de certaines zones dues à l’état des routes, à l’insécurité persistante et à l’absence de couloirs humanitaires. Malgré l’urgence, la réponse reste insuffisante face à l’ampleur d’une crise qui, au-delà des chiffres, reflète la souffrance silencieuse de millions de Congolais.
Eugide Abalawi