Dans la province du Sud-Kivu, berceau d’une violence inouïe due aux conflits armés, des milliers d’enfants se retrouvent aujourd’hui dans une situation désespérée.
Victimes directes de la guerre, croisant souvent des traumatismes incommensurables, ces enfants sont particulièrement vulnérables, laissés à eux-mêmes dans un environnement hostile. Accueillis dans des centres spécialisés, leur réhabilitation est un enjeu crucial, mais l’absence de ressources financières complique considérablement les efforts des équipes encadrantes. Ces centres tentent de subvenir aux besoins fondamentaux de ces enfants, mais la réalité du manque de fonds limite leur capacité à fournir une alimentation adéquate et un accès à l’éducation, pourtant indispensable à leur avenir.
Face à ces difficultés, de nombreux enfants, désespérés par leur situation et poussés par la nécessité de survivre, choisissent de quitter les centres d’accueil pour errer dans les rues. Cette décision, bien que motivée par la faim ou l’absence de soutien, les expose à de nouveaux dangers. Les rues, synonyme de liberté pour certains, deviennent vite un lieu d’exploitation et de violence pour ces enfants vulnérables. La réalité de la rue les place dans un cycle sans fin de précarité et d’absence de protection, augmentant ainsi le nombre d’enfants sans domicile fixe dans cette région déjà fragilisée.
À l’occasion de la Journée internationale des enfants victimes d’agressions, célébrée le 4 juin, Jérémie Barankabaga Ciza, un acteur clé de la société civile et responsable d’un centre de récupération pour orphelins et femmes victimes de la guerre à Bukavu, a décidé de briser le silence. Dans une déclaration poignante, il a fait part des défis considérables auxquels sont confrontés ces enfants, tout en lançant un appel pressant à l’aide. « Ils ont besoin de nous plus que jamais », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’agir pour briser le cycle de la violence et de la misère qui les touche. Cette journée, bien qu’elle soit dédiée à la sensibilisation, doit aussi être un catalyseur pour l’action, afin que chaque enfant puisse bénéficier d’une vie digne et d’un futur serein.
L’appel de Jérémie Barankabaga Ciza devrait résonner au-delà des frontières et inciter la communauté internationale à mobiliser des ressources financières, mais aussi à élaborer des politiques adaptées pour garantir la protection et la réhabilitation de ces enfants. Les initiatives locales doivent être soutenues par des partenariats solides, favorisant l’accès à l’éducation et à des soins psychologiques, car le chemin vers la guérison passe par l’éducation et la sécurité. Au Sud-Kivu, chaque enfant mérite une chance, et la solidarité doit transcender les divergences pour bâtir un avenir meilleur, loin de l’ombre de la guerre.
Eugide Abalawi.