Des milliers d’habitants de Luvungi ont fui à l’aube du 5 décembre 2025, emportant quelques effets et beaucoup de peur.

Sous les obus qui s’abattent depuis Kamanyola et Katogota, la plaine de la Ruzizi s’est transformée en couloir de fuite, direction Sange, Uvira et la frontière burundaise.

La cité de Luvungi n’est plus qu’un décor vide. Les maisons ouvertes, les champs abandonnés et les rues désertées témoignent d’une panique qui a saisi près de 80 % de la population. « On ne pouvait plus rester, les explosions devenaient trop fortes », raconte Dorcas, 32 ans, partie en courant avec ses enfants vers Sange. Depuis trois jours, les affrontements entre l’AFC-M23 et les FARDC ont gagné en intensité, rendant la vie impossible dans cette partie de la plaine de la Ruzizi.

La progression simultanée des deux belligérants a pris la population au piège. Des tirs venus de Kamanyola et Katogota frappent aléatoirement l’agglomération, déclenchant un vent de panique. « Des obus sont tombés à quelques mètres de chez nous, on a cru que c’était la fin », témoigne un agriculteur resté quelques heures de trop avant de prendre la fuite. Face à ce chaos, les routes menant à Uvira sont saturées de familles à pied, portant matelas, sacs de farine et bébés attachés au dos.

Sur place, la peur se lit dans les regards. Les habitants redoutent un affrontement direct au cœur de la cité. « On entendait les combats se rapprocher chaque minute », explique un autre témoin, rencontrée près de Sange. Alors que l’AFC-M23 consolide ses positions au nord, les FARDC tentent de contenir la progression rebelle depuis le sud, transformant la zone en véritable ligne de front instable.

Les acteurs humanitaires décrivent une situation « extrêmement préoccupante ». Les sites d’accueil improvisés à Sange débordent déjà. « Les gens arrivent épuisés, certains n’ont pas mangé depuis deux jours », rapporte un volontaire local. Les besoins en eau, nourriture et soins médicaux augmentent à une vitesse alarmante. Les ONG peinent à suivre, faute d’accès sécurisé.

À Uvira, les autorités locales appellent au calme mais admettent ne plus pouvoir endiguer l’afflux des déplacés. « Si la situation continue ainsi, nous serons débordés dans les prochaines heures », avertit un responsable administratif. Beaucoup d’habitants espèrent traverser vers le Burundi, sans certitude d’y trouver refuge. Pendant ce temps, la plaine de la Ruzizi s’enfonce dans une crise humanitaire aux contours de plus en plus dramatiques.

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