Kamanyola traverse l’une des pires crises de protection de l’enfance de son histoire. Déscolarisation massive, malnutrition, absence de soins et insécurité persistante plongent les plus jeunes dans une vulnérabilité extrême.
Les acteurs locaux alertent : “La situation dépasse le seuil du tolérable.”
À Kamanyola, la crise humanitaire qui touche les enfants ne cesse de s’aggraver, alimentée par l’instabilité sécuritaire et l’effondrement économique. Les structures engagées dans la protection de l’enfant décrivent un environnement suffocant où les familles peinent à assurer les besoins essentiels. Mme Mwilu Berthe, figure engagée dans la défense des droits de l’enfant, peint « un tableau sombre où chaque jour apporte une nouvelle tragédie. » Selon elle, la déscolarisation et la hausse des maladies infantiles ne sont plus des exceptions : elles deviennent la norme.
La pauvreté, exacerbée par les conflits dans le territoire de Walungu, condamne de nombreux enfants à abandonner leur scolarité. Beaucoup se retrouvent dans la rue, livrés à eux-mêmes, exposés à toutes formes de risques. Michel, enseignant à Kamanyola, témoigne avec désarroi : « Je vois mes élèves disparaître de la classe, un à un. Leur place est à l’école, pas dans des corvées pour survivre. » Une réalité qui menace gravement l’avenir du territoire si aucune action urgente n’est menée.
Le manque d’accès aux soins est une autre facette de cette crise multiforme. Les centres de santé manquent de tout : médicaments, matériel, personnel. Les enfants, premières victimes, meurent parfois de maladies pourtant facilement curables. « On ne devrait pas perdre un enfant pour une simple fièvre », se lamente Sœur Angélique, infirmière bénévole, les yeux remplis d’impuissance. Ce constat dramatique est partagé par plusieurs structures locales qui réclament un soutien accru des organisations humanitaires.
L’insécurité alimentaire constitue un fléau supplémentaire qui ronge les familles. Beaucoup de foyers ne parviennent plus à servir plus d’un repas par jour, fragilisant davantage les enfants en pleine croissance. Mado, mère de trois enfants, explique : « Quand il n’y a rien à cuisiner, on donne de l’eau sucrée pour tromper la faim. » Une pratique dangereuse, mais devenue courante pour survivre. Les organisations locales s’alarment du nombre croissant d’enfants souffrant de malnutrition aiguë.
Dans ce climat de détresse généralisée, les acteurs communautaires lancent un appel pressant à la mobilisation. Les premières interventions humanitaires restent limitées, laissant des milliers d’enfants dans une vulnérabilité extrême. Un animateur du cadre communautaire de Kamanyola affirme : « Nous faisons de notre mieux, mais nous ne pouvons pas répondre à toute cette souffrance. » Les besoins sont énormes : kits nutritionnels, soutien scolaire, renforcement des structures sanitaires.
Les organisations de protection insistent sur la nécessité d’un plan d’urgence durable impliquant autorités, ONG et partenaires internationaux. Elles estiment que seule une réponse coordonnée peut arrêter l’hémorragie qui emporte les enfants de Kamanyola. Un notable local, visiblement alarmé, conclut : « Si la communauté internationale se tait, c’est l’avenir de Kamanyola qui s’effondre sous nos yeux. » Une réalité glaçante qui appelle une action immédiate pour sauver une génération déjà brisée.


