Les infirmières de l’axe Sud du Sud-Kivu déclenchent une grève sèche pour exiger le paiement de plusieurs mois d’arriérés, dénonçant une situation devenue « insupportable ».
Entre colère, lassitude et sentiment d’abandon, les professionnelles de santé interpellent une fois de plus les autorités provinciales.
Les infirmières regroupées au sein du Collectif des syndicats des infirmiers et infirmières de l’axe Sud du Sud-Kivu ont annoncé, mardi, une grève sèche limitée pour protester contre le non-paiement de leurs arriérés de salaire. Après de longs mois d’attente, elles réclament notamment le paiement du 7ᵉ et du 8ᵉ mois, ainsi que la bancarisation intégrale de tous les professionnels de santé de la province. « Nous travaillons sans salaire depuis trop longtemps. C’est inhumain », lâche une infirmière de Nundu, visiblement épuisée.
Au-delà de ces deux mois impayés, les professionnelles exigent également que les agents déjà bancarisés soient rémunérés après plus de cinq mois sans versement. Une situation que beaucoup qualifient de « sabotage institutionnel ». « La carte bancaire ne nous sert à rien quand aucun franc n’y est déposé », dénonce une autre soignante basée à Fizi, affirmant que plusieurs collègues survivent grâce à des dettes. Les hôpitaux, eux aussi, commencent à ressentir l’impact moral et opérationnel de cette crise prolongée.
Selon Georges Lombelwa, secrétaire de l’Union nationale des infirmiers et infirmières de la zone de santé de Nundu, toutes les démarches administratives ont été menées, sans résultat. « Nous avons frappé à toutes les portes, rempli tous les dossiers, envoyé toutes les correspondances possibles. Rien ne bouge », regrette-t-il, dénonçant « un mépris total » envers les soignants. Il affirme que la décision de grève est désormais « la seule voie restante ».
Dans plusieurs structures, la colère est palpable et la peur d’un effondrement du système sanitaire local grandit. « Si nous arrêtons, qui va s’occuper des malades ? » interroge une infirmière de Minembwe, qui dit pourtant soutenir le mouvement « à bout de forces ». Les habitantes de l’axe Sud redoutent déjà les conséquences. « Nous comprenons leur combat, mais la population va payer le prix fort », s’inquiète une mère rencontrée à Sange. Face à l’urgence, les infirmières appellent les autorités provinciales à réagir immédiatement, faute de quoi la grève pourrait s’amplifier dans les prochains jours.


