Face à l’afflux massif de personnes déplacées fuyant les affrontements entre les forces de l’AFC/M23 et les FARDC dans le Nord et le Sud-Kivu, depuis septembre, Médecins Sans Frontières (MSF) intensifie son action humanitaire à Bunyakiri, une localité située à 36 km de la ligne de front, dans le Sud Kivu.
Les conditions de vie y sont dramatiques : surpeuplement, manque de nourriture et risque accru de maladies et épidémies.
Parmi les 1,6 millions de personnes qui se sont déplacées dans l’Est de la RDC depuis le mois de février,180 000 se trouvent aujourd’hui à Bunyakiri, dans le Sud-Kivu, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Dans cette zone située à une trentaine de km seulement de la ligne de front, ces déplacés ont fui les affrontements entre les forces de l’AFC/M23 et les FARDC dans le Nord et le Sud-Kivu, et les besoins humanitaires sont critiques.
« De nombreuses familles ont perdu leurs terres qui étaient leur moyen de subsistance. Elles vivent aujourd’hui dans des conditions précaires, ce qui favorise la propagation des maladies », explique Issa Moussa, chef de programmes MSF au Sud-Kivu. « En raison du déplacement massif, les structures sanitaires des zones touchées par le conflit doivent désormais absorber une population beaucoup plus importante, peinant à répondre aux besoins de santé croissants, tels que les soins nutritionnels, les accouchements et les services médicaux d’urgence ».
Actuellement, la majorité de ces déplacés vivent dans des familles d’accueil mais des milliers d’autres se retrouvent dans des camps de déplacés très sommaires. Avant cet afflux de personnes, l’accès aux soins de santé était déjà difficile à cause d’un système de santé défaillant caractérisé par un manque de médicaments et de structures médicales adéquates. Et les affrontements en cours n’ont fait qu’exacerber une situation fragile existante.
Une réponse médicale vitale
Pour répondre aux besoins de la population déplacée et de la population locale, depuis septembre 2025, MSF soutient l’Hôpital Général de Référence de Bunyakiri, le Centre hospitalier de Bitale et plusieurs centres de santé (Bitale, Miowe, Muoma, Bagana) de la zone. L’intervention couvre les soins d’urgence et soins intensifs, la prise en charge nutritionnelle, les accouchements simples et compliqués, la chirurgie, les soins néonataux, la santé mentale ainsi qu’une surveillance épidémiologique.
En onze semaines, dans les structures soutenues par MSF, les équipes médicales ont réalisé 13 300 consultations médicales externes, 1861 accouchements, dont 208 césariennes, 274 interventions chirurgicales, traité 578 enfants malnutris et pris en charge 98 cas de violences sexuelles.
Des conditions de vie dramatiques
Les besoins sont considérables et exigent une assistance coordonnée. Ces populations font face à de nombreuses difficultés, notamment un accès très limité à l’eau potable et aux installations sanitaires. Beaucoup sont confrontées à une insécurité alimentaire sévère. Dans les camps de déplacés, les familles ne mangent en moyenne qu’une fois par jour, la majorité des personnes dorment dans de petits abris de fortune et certaines à même le sol.
« MSF ne pourra pas répondre à tous les besoins, mais nous concentrons nos efforts sur les urgences vitales. Nous lançons un appel à tous les acteurs humanitaires présents dans la zone de venir couvrir les besoins restants », souligne Giulia Panseri, coordinatrice terrain MSF au Sud-Kivu.
Depuis plusieurs années, Médecins Sans Frontières intervient au Nord et au Sud-Kivu en vue de répondre aux besoins humanitaires accrus. De plus, avec l’escalade du conflit dans les deux Kivu, MSF déploie ses équipes d’urgences afín de fournir de l’aide à des populations en détresse de chaque côté des zones de conflits. Rien qu’au Sud-Kivu nos équipes sont présentes à Minova, Uvira, Baraka, Bunyakiri et Bukavu.
« En tant qu’organisation neutre et impartiale, notre préoccupation et nos choix opérationnels sont guidés par les besoins humanitaires et l’assistance médicale des plus vulnérables » déclare Issa Moussa. « Malheureusement, l’insécurité qui prévaut dans certaines zones entrave l’accès et limite l’assistance aux populations qui en paient le prix le plus élevé. L’aide humanitaires doit être acheminée en toute sécurité, là où les besoins sont criants » conclut-il.



