Quatorze heures de combats ont suffi pour dévaster une grande partie de Kaniola. Depuis, un exode massif s’étend vers Walungu centre, Nyalubuze, Cishaza, Cishebeyi et Cimbulungu.
La nuit du 13 novembre 2025 restera gravée dans la mémoire collective de Kaniola. Des détonations qui ne s’arrêtaient plus, des cris, des maisons abandonnées dans la précipitation : la population a vécu l’un des pires épisodes d’insécurité de ces dernières années. « On pensait que ça allait durer quelques minutes, mais les tirs continuaient encore et encore », se souvient un cultivateur de Kaniola, les yeux perdus dans le vague.
Face à l’intensité des affrontements entre l’AFC/M23 et les Wazalendo, les habitants n’ont eu que quelques instants pour fuir. Beaucoup ont rejoint Walungu centre et Nyalubuze, d’autres ont pris la direction de Cishaza, Cishebeyi ou Cimbulungu, cherchant simplement un endroit où leurs enfants pourraient dormir sans craindre le bruit des armes. « Je n’ai pris que mon bébé et un pagne, le reste est resté là-bas », confie une jeune mère de Cishebeyi.
L’exode soudain a donné naissance à un flot humain impressionnant. Des familles entières se déplaçaient ensemble, certaines en silence, d’autres en pleurs, ne sachant pas si leur maison existerait encore au matin. Un habitant de Cimbulungu raconte : « Sur la route, on rencontrait des gens qu’on ne connaissait même pas, mais on se regardait avec la même peur». La solidarité improvisée n’a cependant pas suffi à couvrir les besoins vitaux de chacun.
Depuis cet événement, les activités économiques se sont arrêtées net. Les points de vente, les champs, les petits commerces : tout est resté figé comme abandonné en plein jour. « Je vendais des légumes chaque matin, aujourd’hui je n’ai même plus un endroit où les récolter », déplore une commerçante de Kaniola. Les prix des denrées ont grimpé dans les zones d’accueil, aggravant une situation déjà dramatique.
Les autorités locales, dépassées par l’ampleur du déplacement, tentent tant bien que mal de gérer l’afflux. Un responsable de Walungu centre avoue : « Nous faisons de notre mieux, mais les moyens manquent terriblement. Ce que nous vivons dépasse tout ce que nous avions imaginé ». Les familles s’entassent dans des structures improvisées, parfois dans des écoles déjà fermées depuis les affrontements.
Dans ce chaos, le plus inquiétant demeure l’avenir incertain de ces milliers de déplacés. Beaucoup craignent que les combats reprennent, les empêchant de rentrer chez eux. Une femme réfugiée à Nyalubuze résume le sentiment général : « On est partis pour survivre, mais on ne sait plus combien de temps cette fuite va durer». L’espoir d’un retour rapide semble s’éloigner jour après jour.


