Sida, paludisme, tuberculose, rougeole : autant de fronts sur lesquels des décennies de progrès risquent d’être anéanties en l’espace de quelques mois par l’arrêt du financement américain, prévient l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est ce que renseigne une note d’ONU info parvenue à congocroissance.com ce mardi 18 mars 2025.
A en croire cette source, le Directeur général de l’agence, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé lundi les conséquences potentiellement désastreuses pour la vie de millions de patients à travers le monde de la décision des États-Unis de suspendre, pour une durée initiale de trois mois, les fonds du pays destinés à lutter contre les grandes pandémies mondiales.
Au moment où Dr Tedros poussait son cri d’alarme, le Burundi est devenu, ce lundi, le 18e pays à introduire un vaccin contre le paludisme dans son programme de vaccination infantile. Grâce au soutien de l’OMS et de l’Unicef, le pays prévoit d’immuniser plus de 250.000 enfants cette année. « Nous estimons que, d’ici fin 2025, jusqu’à 25 pays incluront les vaccins antipaludiques dans leurs programmes de vaccination infantile », a salué le chef de l’OMS.
Paludisme : 107.000 décès potentiels supplémentaires
Mais ces avancées risquent fortement d’être compromises. « De nombreux progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme au cours des 20 dernières années sont désormais menacés par la réduction du financement américain pour la santé mondiale », a-t-il averti.
Selon lui, la baisse des contributions américaines est déjà lourde de conséquences. « L’approvisionnement en diagnostics, médicaments et moustiquaires imprégnées d’insecticide contre le paludisme est actuellement gravement perturbé en raison de ruptures de stock, de retards de livraison ou d’un manque de financement », a-t-il indiqué.
Les chiffres avancés par le chef de l’OMS sont alarmants : si ces perturbations se poursuivent, « nous pourrions assister à 15 millions de cas de paludisme et 107.000 décès supplémentaires rien que cette année, au détriment de 15 années de progrès ».
Un retour en arrière pour la lutte contre le VIH
La crise de financement actuelle ne se limite pas au paludisme. La réduction du financement du programme américain de lutte contre le sida PEPFAR a déjà des conséquences dramatiques.
« La suspension de la majeure partie du financement du PEPFAR a entraîné l’arrêt immédiat des services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH dans plus de 50 pays », a indiqué Dr Tedros.
Parallèlement, « huit pays connaissent actuellement d’importantes perturbations de leur traitement antirétroviral et seront à court de médicaments dans les prochains mois », a-t-il précisé.
Selon l’OMS, l’interruption de ces programmes pourrait engendrer plus de 10 millions de nouvelles infections et 3 millions de décès liés au VIH dans les années à venir.

Tuberculose, rougeole, polio : des systèmes sous pression
L’alerte concerne également la tuberculose, qui pourrait connaître une recrudescence dans les mois à venir. « Vingt-sept pays d’Afrique et d’Asie sont confrontés à des défaillances majeures dans leur riposte : pénuries de ressources humaines, perturbations du diagnostic et du traitement, effondrement des systèmes de données et de surveillance », a déploré le chef de l’OMS.
Les financements américains jouaient aussi un rôle central dans la lutte contre la rougeole et la rubéole, notamment via un réseau mondial de 700 laboratoires, désormais menacé de fermeture. « Cela survient au pire moment possible, alors que la rougeole fait son retour », a-t-il souligné. En 2023, 57 épidémies majeures de rougeole ont en effet été enregistrées, une tendance toujours à la hausse selon l’OMS.
Quant aux efforts visant à éradiquer la poliomyélite, surveiller l’émergence de maladies telles que la grippe aviaire ou répondre à diverses crises humanitaires, ils risquent eux aussi d’être fortement entravés. « Près de 24 millions de personnes vivant en situation de crise humanitaire risquent de ne pas avoir accès aux services de santé essentiels », a indiqué le chef de l’OMS.
D’ores et déjà, plus de 2.600 établissements de santé ont interrompu leurs services dans douze contextes de crise à travers le monde.