Depuis plusieurs semaines, une réalité inquiétante hante les écoles de Bukavu : des dizaines d’élèves sont régulièrement expulsés de leurs salles de classe pour cause de non-paiement des frais scolaires.
Ce phénomène, loin d’être marginal, traduit une crise plus profonde, celle d’un système éducatif mis à mal par des difficultés économiques persistantes et une instabilité monétaire de plus en plus préoccupante. À l’heure où la technologie s’invite dans tous les secteurs, des voix s’élèvent pour inviter les responsables d’écoles à adopter une solution moderne : la mise en place d’un système électronique de paiement.
En effet, dans un contexte où la rareté du dollar américain alourdit le quotidien des familles, la disparité entre les taux de change pratiqués par les écoles (souvent à 3400 voire 3500 FC) et ceux du marché local (oscillant entre 3200 et 3250 FC) crée une double peine pour les parents d’élèves. Ceux-ci, parfois contraints de recevoir des transferts d’argent depuis d’autres provinces, doivent en plus payer des frais élevés pour convertir ou retirer leurs fonds, avant même de s’acquitter des frais scolaires. Cette instabilité contribue à creuser les inégalités dans l’accès à l’éducation et menace sérieusement la scolarisation des enfants les plus vulnérables.
Face à ce constat, l’introduction d’un système de paiement électronique — notamment par mobile money — apparaît comme une alternative salutaire. Non seulement elle permettrait aux parents de payer à distance, en toute sécurité et avec plus de transparence, mais elle pourrait aussi inciter les établissements à harmoniser leurs taux de change en fonction des réalités du marché. En outre, ce système offrirait aux élèves une plus grande régularité dans leur parcours scolaire, sans craindre d’être renvoyés pour des raisons économiques. C’est donc un appel pressant que lancent les acteurs sociaux aux gestionnaires des écoles : il est temps d’adapter l’éducation à l’ère numérique, pour en garantir l’équité, l’accessibilité et la dignité.
Eugide Abalawi