Au cœur de Kalehe 3, l’année scolaire se termine dans le chaos. Les affrontements entre Wazalendo et AFC/M23 ont transformé les écoles de Kalonge et Bunyakiri en zones fantômes.
Élèves en fuite, enseignants traumatisés, villages désertés : la population vit une hémorragie silencieuse.
Dans le territoire de Kalehe, les établissements scolaires de la sous-division Kalehe 3 ne ressemblent plus à des lieux d’apprentissage. Depuis plus d’une semaine, les détonations d’armes et les mouvements de groupes armés ont vidé les salles de classe. À Kalonge comme à Bunyakiri, des écoles entières ont suspendu leurs activités, incapables de garantir la sécurité des enfants. « Nous ne pouvons plus enseigner en entendant les tirs à quelques kilomètres », confie un directeur d’école, le visage marqué par la fatigue et la peur.
Les affrontements incessants entre les combattants Wazalendo et les troupes de l’AFC/M23, autour des villages proches du parc national de Kahuzi-Biega, ont transformé la fin d’année scolaire en véritable parcours de survie. Les examens n’attirent presque plus aucun élève. « Dans ma classe de 52, seuls 7 enfants sont venus hier. Comment corriger cela ? », s’indigne une enseignante de Kalonge, les yeux rougis par l’inquiétude.
La population, prise en étau entre les factions en guerre, a fui par milliers. Cifunzi, Bumoga, Misinga, Lusheni, Muvumo ou encore Karama se sont vidés comme frappés par une tempête invisible. « On a quitté la nuit, sans savoir où aller. Les balles sifflaient derrière nous », raconte un habitant de Cifunzi, désormais réfugié dans une localité voisine. Son témoignage illustre la détresse de familles entières contraintes à l’exode.
La souffrance la plus aiguë reste celle des élèves, devenus les premières victimes d’un conflit qu’ils ne comprennent pas. Beaucoup ont abandonné leurs cahiers pour sauver leur vie. « Mon fils me demande quand il pourra retourner à l’école. Je n’ai pas de réponse », murmure une maman rencontrée à Bunyakiri. Pour les enfants qui se présentent encore timidement aux examens, le traumatisme est palpable : ils écrivent sous la menace d’un éventuel bombardement.
Les enseignants, eux, lancent un cri d’alarme vers les autorités et la communauté internationale. « Nous faisons appel à toute personne capable de stopper cette violence. L’école ne doit pas mourir », supplie un instituteur de Kalonge. Malgré la peur, quelques-uns tentent encore de maintenir une présence minimale, espérant un retour rapide au calme.
Le territoire de Kalehe vit aujourd’hui suspendu entre silence et détonations. Si les combats ne cessent pas, c’est toute une génération qui risque d’être sacrifiée. L’avenir se joue maintenant : entre l’éducation paralysée et les villages désertés, les habitants lancent un ultime appel pour que les hostilités cessent et que la vie scolaire retrouve enfin son souffle.



