Lors d’un café scientifique, la communauté scientifique et les riverains ont dressé un tableau sombre du parc national de Kahuzi-Biega. Un patrimoine mondial en train de s’effondrer sous les pressions humaines et climatiques.

Le café scientifique organisé à Bukavu pour le 55ᵉ anniversaire du PNKB a pris l’allure d’un procès : celui de l’humanité contre sa propre maison. Le professeur Prince Kaleme n’a pas mâché ses mots : « Si nous détruisons le PNKB, nous coupons la branche sur laquelle nous sommes assis ». Un avertissement qui a secoué la salle entière.

Les dérèglements climatiques autour du parc deviennent incontrôlables. Les cultivateurs observent des saisons irrégulières et des récoltes affaiblies. Le témoignage de Mama Solange, venue de Luhihi, a bouleversé le public : « Nos champs ne répondent plus. La terre est devenue nerveuse». Cette phrase résume l’angoisse des agriculteurs riverains.

Le parc n’assure plus pleinement sa fonction naturelle de protection contre les inondations et les glissements de terrain. Un rescapé d’un éboulement à Bushigu, du nom de Safari, a confié : « La montagne a craché des pierres comme jamais. Le parc était notre bouclier. Sans lui, nous sommes nus».  Un constat dramatique qui illustre la gravité de la situation.

Les scientifiques ont décrit la disparition progressive des rivières, un phénomène alarmant. Une jeune femme de Cibanda, Aline, a témoigné : « La source qui nous abreuvait a disparu en deux ans. Nous n’en revenons toujours pas». La perte des cours d’eau modifie déjà la vie quotidienne de milliers de familles.

La biodiversité unique du PNKB, notamment ses espèces endémiques, s’effrite. Le chercheur Kambale a expliqué : « Chaque espèce disparue est un effondrement invisible qui prépare un effondrement beaucoup plus grand ».  Le parc, autrefois sanctuaire vivant, se vide peu à peu de son âme biologique.

À la fin de l’événement, un leader communautaire a résumé la situation d’une voix tremblante : « Nous sommes devant un choix : détruire le PNKB ou nous sauver nous-mêmes. Il n’y a pas de troisième option». Les participants ont quitté la salle le cœur lourd, conscients qu’un point de non-retour menace.

 

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