Dans les sous-groupements Ishamba et Ngali, au cœur du groupement de Karhongo-Nyangezi (Walungu), des centaines d’enfants vivent loin des bancs scolaires, pris en otage par les affrontements entre Wazalendo et AFC/M23.
Depuis septembre, la peur a remplacé les cahiers, et les classes restent obstinément vides.
Les échos des combats résonnent encore dans les collines de Karhongo-Nyangezi, où les élèves de 18 écoles primaires et six écoles secondaires n’ont pas repris le chemin de l’apprentissage. Les familles vivent au rythme des détonations. « On ne peut pas envoyer nos enfants mourir sur la route de l’école », murmure une mère d’Ishamba, les yeux rivés sur les sentiers qu’elle n’ose plus emprunter. Depuis la rentrée 2025-2026, les salles de classe sont restées silencieuses, envahies par la poussière et la peur.
Face à ce tableau sombre, enseignants et directeurs d’école se disent impuissants. « Nous sommes partis du jour au lendemain. Les tirs étaient trop proches », raconte un instituteur réfugié à Nyangezi-centre, encore choqué. Certains apprenants vivent désormais dispersés, hébergés chez des proches. D’autres errent dans les marchés, incapables de retrouver un semblant de routine. « Mon fils pleure chaque matin. Il veut retourner étudier, mais comment faire ? » témoigne un père déplacé de Ngali.
Le mouvement citoyen Parlement Citoyen pour la Démocratie et la Bonne Gouvernance tire la sonnette d’alarme. « C’est une génération sacrifiée si rien n’est fait maintenant », avertit Amani Lwamba, dénonçant l’indifférence des autorités. Pour lui, seule une cessation urgente des hostilités peut rouvrir les portes des classes et restaurer l’espoir. Les habitants appellent, eux aussi, à une médiation rapide. « Nous voulons simplement que nos enfants apprennent sans entendre les balles », insiste une habitante d’Ishamba.
Dans cette zone meurtrie, le droit à l’éducation vacille chaque jour un peu plus. Les familles s’accrochent à l’espoir d’un retour au calme, tandis que les écoles, vides et fragilisées, attendent le prochain souffle de paix. « Que les armes se taisent, au moins pour nos enfants », lance un jeune du Parlement Citoyen. Une prière simple, mais vitale, pour que Nyangezi retrouve le chemin de la vie.


