À Gatumba, un flot humain de près de dix mille personnes venues d’Uvira survit sous des abris de fortune, sans eau ni nourriture.

Entre cris de détresse et silence des autorités, la vie se résume à la lutte quotidienne contre la faim, la maladie et l’abandon.

Dans le site improvisé de Gatumba, à quelques mètres de la frontière burundo-congolaise, les déplacés d’Uvira s’entassent dans des conditions considérées comme « inhumaines » par les acteurs locaux. La poussière, la chaleur et l’insécurité dessinent les contours d’un drame humanitaire que personne ne semble en mesure d’arrêter. « Nous sommes ici depuis des semaines et rien ne change », murmure une mère de quatre enfants, épuisée par les nuits sans sommeil.

La Nouvelle Société Civile Congolaise alerte sur la catastrophe qui se profile : manque d’eau potable, pénurie de nourriture, maladies hydriques en progression. Pour son coordonnateur, Mafikiri Mashimango, la situation a franchi le seuil du tolérable. « Les conditions sont catastrophiques, ces familles ne peuvent plus attendre », dénonce-t-il avec gravité, appelant à une mobilisation immédiate des autorités provinciales et nationales.

Dans cette marée humaine, les témoignages se succèdent et se ressemblent. Certains ont fui les attaques armées, d’autres les tensions communautaires, mais tous ont laissé derrière eux des maisons incendiées et des champs pillés. « J’ai vu ma vie s’écrouler en une heure », raconte un jeune homme d’Uvira, encore tremblant. « Ici, nous survivons… mais pour combien de temps ? »

Au fil des jours, la solidarité s’organise tant bien que mal. Quelques ONG tentent d’apporter de l’aide, mais les moyens manquent et les besoins explosent. Une déplacée âgée, assise sur une natte déchirée, confie : « Nous buvons l’eau du lac parce que nous n’avons rien d’autre. Cela nous rend malades, mais que faire ? » Une phrase simple, mais qui résume l’urgence absolue.

Face à l’ampleur de la crise, Mafikiri Mashimango réclame l’activation rapide d’un plan humanitaire cohérent. Il interpelle directement Kinshasa : « Si une action n’est pas prise maintenant, nous parlerons bientôt de morts évitables ». Dans un camp où l’espoir s’effrite chaque jour, les déplacés n’attendent qu’une chose : être enfin considérés.

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