Accusé d’avoir détourné des biens destinés aux patients atteints de la variole du singe Mpox, le Médecin Chef de Zone de Nyantende, le Dr Jean-Paul Karumba Biringanine, contre-attaque.

Entre démentis fermes, témoignages contradictoires et tension au sein de la communauté, l’affaire prend une tournure explosive.

Le Dr Jean-Paul Karumba n’a pas mâché ses mots. Face aux accusations de détournement de biens destinés aux malades du Mpox, il parle d’une attaque personnelle, d’une volonté de le faire tomber. « C’est une campagne orchestrée pour salir mon nom », lance-t-il, visiblement remonté. Dans la zone de santé de Nyantende, ces propos ont immédiatement ravivé les discussions au sein d’une population déjà fragilisée par la crise sanitaire.

Au cœur de la tourmente, le médecin insiste sur la transparence du dispositif mis en place depuis deux mois grâce à l’appui du Programme Alimentaire Mondial. Selon lui, les victimes du Mpox bénéficient d’une prise en charge renforcée, structurée autour d’un repas chaud quotidien servi sur le site de traitement. « Tout est géré par World Vision, ce ne sont pas nos équipes qui manipulent ces vivres », rappelle un infirmier du centre, confirmant les déclarations de son supérieur. Une précision qui vise à étouffer les soupçons de vente illicite de produits destinés aux malades.

En parallèle, le dispositif prévoit que les familles des patients—souvent composées d’au moins cinq personnes—reçoivent des rations alimentaires. Là encore, le Dr Karumba assure qu’aucune manipulation frauduleuse n’est possible : les listes sont établies, transmises à World Vision, puis validées par le PAM. « Tout est tracé, il n’y a rien à cacher », confie un agent humanitaire. Ce dernier affirme que les rapports transmis respectent les normes fixées par les partenaires internationaux, et que les distributions suivent un protocole strict.

Mais l’origine de la polémique prend racine ailleurs. Le médecin raconte avoir appris qu’une réunion avait été tenue en son absence, il y a deux semaines, par ceux qui l’accusent aujourd’hui. « Ils avaient clairement annoncé qu’ils allaient salir mon nom pour me faire partir », assure-t-il. Un participant aurait rapporté ces propos, décrivant une volonté de provoquer un scandale. « Ce n’est pas juste une accusation, c’est un plan », souffle un proche du médecin, convaincu que le but recherché est avant tout politique.

La tension a pris une nouvelle dimension depuis la note conjointe signée le 14 novembre par la Société civile et le Comité Local de Développement du groupement de Mumosho, dénonçant une “pratique aberrante” dans la Zone de santé de Nyantende. Plusieurs habitants affirment cependant ne pas comprendre l’origine de ces accusations. « Nous voyons les distributions, nous voyons les agents de World Vision. Si quelque chose disparaissait, on serait les premiers à le savoir », témoigne une mère de famille dont le voisin a été traité pour le Mpox. Son témoignage contraste avec la gravité du document publié, alimentant l’impression d’un conflit interne plus large.

Face à la montée des tensions, le Dr Karumba dit rester ouvert à toute vérification. Il affirme que toutes les listes des bénéficiaires sont disponibles à son bureau, et invite quiconque à vérifier sur le terrain. « Venez voir vous-mêmes. Les preuves sont là, pas dans les rumeurs », martèle-t-il. Mais dans un contexte où la défiance peut grandir plus vite que la vérité, l’affaire, loin d’être close, pourrait bien continuer de diviser Nyantende dans les jours à venir.

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