Une opération de recherche d’envergure a été déclenchée lundi, au lendemain de l’éboulement survenu le dimanche 20 juillet dans le carré minier de Lomera, groupement de Luhihi (territoire de Kabare, Sud-Kivu). Pour sécuriser la zone et faciliter les fouilles, 33 puits d’extraction d’or ont été provisoirement fermés.
Des témoins font état d’au moins une douzaine de rescapés, certains grièvement blessés et transférés vers des structures sanitaires. Plusieurs décès sont malheureusement rapportés, mais le bilan exact reste incertain en raison de l’instabilité du site et de l’absence de registre fiable.
Les premiers éléments recueillis sur place pointent une manœuvre risquée : une technique destinée à « faire éclater » une nouvelle colonne de chalautrière à l’intérieur d’un puits aurait provoqué une violente secousse, fragilisant les galeries déjà instables. « On a senti le sol vibrer, puis tout s’est effondré », témoigne un survivant encore sous le choc. Jean-Paul Zihalirwa Cimalamungo, directeur technique du site minier de Lomera, confirme qu’une intervention de ce type était en cours et pourrait avoir déclenché la catastrophe, en attendant les conclusions officielles.
Au-delà du drame immédiat, les creuseurs et la communauté locale dénoncent l’anarchie qui entoure l’octroi et la gestion des concessions aurifères dans la zone. Multiplication de puits non contrôlés, chevauchement d’autorisations, absence d’ingénierie géotechnique et ruée désordonnée vers l’or créent les conditions de tragédies répétées. « Ce qui arrive aujourd’hui n’est pas un accident isolé : c’est le résultat du désordre », alerte Ashuza Baraka, membre de la communauté, appelant à un cadre clair, appliqué et contrôlé.
Arrivé sur les lieux, l’administrateur du territoire de Kabare, Elie Rubabura Espoir, a exhorté les habitants au calme pendant que les équipes techniques et les services de l’État mènent des investigations pour établir les responsabilités. Il promet des mesures strictes : inventaire et sécurisation des puits, encadrement des méthodes d’extraction, clarification des titres miniers et obligation de normes de sécurité avant toute reprise des activités. Les familles endeuillées, comme les rescapés, espèrent que ce drame servira d’électrochoc pour transformer durablement la gestion de l’or artisanal à Luhihi et au-delà.