Les nuits se suivent et se ressemblent à Mudusa, en territoire de Kabare, où la peur s’est installée dans le quotidien des familles.
Dans la nuit du 11 au 12 septembre 2025, les sous-villages de Cirhagabwa, Misimbi et Luhoko ont été pris pour cible par des hommes armés non identifiés. Plus de dix maisons ont été visitées, des habitants violemment tabassés et des biens emportés. « Ils ont défoncé la porte et m’ont frappé devant mes enfants. Nous avons cru que c’était notre dernière nuit », raconte un villageois encore traumatisé.
Au lendemain de l’incursion, la société civile de Mudusa a condamné ce qu’elle décrit comme des « actes barbares et inhumains ». Dans une déclaration lue par son rapporteur, Alain Ashuza, elle a interpellé les autorités à tous les niveaux. « Nous demandons une action urgente. Nos villages ne doivent pas être laissés à la merci de criminels », a-t-il insisté, tout en exigeant l’ouverture immédiate d’enquêtes.
Mais ce drame n’est que le dernier d’une série. Fin août 2025, quatre villages, dont Cirhagabwa et Kalangwe, avaient déjà été attaqués. Ce soir-là, un père de cinq enfants, Birindwa Michel Key, avait été assassiné sous les yeux de sa famille. « Sa mort nous a brisés. Chaque attaque laisse une cicatrice profonde dans nos cœurs », témoigne avec émotion François Mubalama, notable du groupement.
La mémoire collective reste aussi marquée par l’attaque du 21 au 22 juin à Cirhagabwa 2, où le pasteur Byumanine Namusika Naboti avait été grièvement blessé. « Ils ont tout pris, même les biens destinés au mariage de mon fils qui devait avoir lieu le lendemain. Nous étions détruits », se souvient-il avec douleur. Ces récits viennent illustrer la récurrence et la brutalité de l’insécurité dans cette contrée.
Dans un climat où la peur se généralise, la société civile appelle les habitants à s’unir, rester vigilants et collaborer avec les forces de l’ordre. Mais pour beaucoup de familles, l’espoir s’amenuise. « Nous avons l’impression d’être oubliés », lâche une mère rencontrée à Luhoko, les yeux embués de larmes. Ici, les nuits se vivent désormais comme une attente angoissée d’un prochain assaut.