Au Sud-Kivu, la colère gronde. Des parents exaspérés dénoncent une cascade de frais scolaires imposés sans justification, tandis que des élèves sont renvoyés faute de paiement. Dans une province déjà éprouvée par la crise économique et sécuritaire, la coupe semble pleine.

Le tumulte s’est emparé de nombreuses écoles du Sud-Kivu, où les parents affirment ne plus pouvoir supporter la pression financière. Entre frais supplémentaires imposés discrètement et sanctions infligées aux enfants incapables de payer, la tension atteint un niveau inédit. « Nous n’en pouvons plus, c’est devenu un commerce, pas une éducation », fulmine une mère rencontrée devant une école de Bukavu.

Pour ces familles, déjà fragilisées par l’augmentation du coût de la vie, chaque nouvelle exigence est un coup de plus porté à un équilibre vacillant. Certains élèves ont été renvoyés à plusieurs reprises. « Mon fils a passé trois jours à la maison parce que je n’avais pas les 10 000 FC demandés, » témoigne un père visiblement dépassé. Le spectre d’une éducation à deux vitesses s’installe dangereusement.

Face à ce tumulte, Mulumemuderwa Batandi Augustin, président de l’ANAPECO/Sud-Kivu, hausse le ton. Il exige un contrôle strict des établissements et une action ferme des autorités. « Assez, c’est assez ! Les écoles qui violent la loi doivent être sanctionnées sans ménagement », martèle-t-il. Son appel résonne comme un avertissement lancé à ceux qui profitent de la confusion.

Dans les quartiers populaires, le moral est au plus bas. Des parents se regroupent pour partager leurs frustrations, incapables de comprendre pourquoi les textes officiels semblent ignorés. « On parle de gratuité, mais dans la pratique, tout devient payant, » déplore une commerçante de Kadutu. L’ambiance générale est à la lassitude, mais aussi à la détermination de ne plus accepter l’inacceptable.

Le directeur provincial de l’EPST Sud-Kivu 1, Léon Musagi Mukambilwa, reconnaît la gravité de la crise. Il dénonce des individus mal intentionnés se faisant passer pour des agents de l’État et imposant illégalement des frais baptisés “d’environnement”. « Aucun établissement ne peut réclamer de l’argent hors barème officiel. Point final », tranche-t-il avec fermeté.

Pour de nombreux parents, cette prise de parole est un soulagement, mais elle doit impérativement être suivie d’actes. « Les discours ne suffisent plus. Nous voulons des inspections dans les écoles, et vite », insiste un enseignant sympathisant de la cause. La province semble aujourd’hui à un tournant : restaurer l’intégrité du système éducatif ou laisser s’installer un chaos administratif qui met les familles à genoux.

Share.
Leave A Reply

Exit mobile version