Des centaines de milliers d’élèves livrés à eux-mêmes tandis que les combats dévastent les établissements scolaires de la province.

Dans les collines du Sud-Kivu, les cris habituels des écoliers ont été remplacés par le grondement des armes. Les chiffres révélés par le Cluster Éducation Sud-Kivu, sous la coordination de l’UNICEF, sont implacables : 1 276 écoles sont aujourd’hui non fonctionnelles, englouties par les violences qui secouent la province. « C’est comme si on avait arraché le cœur du village », témoigne une directrice d’école de Kabare.

Les bombardements, les incendies et l’occupation des salles de classe par des groupes armés ont plongé plus de 390 000 enfants dans une errance forcée. À Bukavu, un enseignant raconte avoir vu « le toit de l’école s’effondrer sous nos yeux ». Un parent, encore sous le choc, confie : « Mon fils me demande quand il retournera en classe… Je n’ai aucune réponse. »

À cela s’ajoute la menace permanente autour des écoles encore debout. Quarante-deux établissements sont encerclés par des hommes armés, et six autres contiennent des explosifs, rendant tout accès mortel. Une élève de Walungu évoque sa peur : « Je voulais juste récupérer mon cahier… Mais on nous a dit qu’il y avait des bombes. » Une atmosphère de terreur qui étouffe toute tentative de reprise scolaire.

La violence a déjà coûté la vie à quatre élèves, blessé six autres et conduit à l’enlèvement d’un enfant, des drames survenus dans plusieurs zones dont Bukavu, Walungu et Kabare. « Ce n’est plus seulement une crise éducative, c’est une crise humanitaire majeure », analyse un membre d’une ONG locale. Une mère en deuil, à bout de larmes, murmure : « Ils tuent nos enfants sans tirer… en détruisant l’école. »

Le Cluster Éducation demande une mobilisation urgente pour sécuriser les écoles, relancer leur réhabilitation et offrir un appui psychosocial aux jeunes traumatisés. « Ils ont besoin d’être protégés et rassurés avant même de reprendre les cours », explique un spécialiste de l’éducation. Selon lui, restaurer la confiance est aussi essentiel que reconstruire les murs.

Ce rapport, couvrant la période du 24 novembre au 4 décembre 2025, sonne comme un appel au sursaut collectif. Sur le terrain, certains parents tentent malgré tout de garder l’espoir. « L’école renaîtra, j’en suis sûr », affirme un père de Fizi. « Nos enfants méritent mieux que la guerre. »

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