Sous un soleil encore timide du matin, la population d’Ishungu s’est rassemblée sur la place publique du groupement, au bord du lac Kivu.

Devant les regards curieux, une montagne de filets de pêche non conformes a été entassée, prête à être réduite en cendres. Quelques instants plus tard, les flammes se sont élevées, dévorant ces outils illicites souvent tissés à partir de moustiquaires imprégnées. L’opération, organisée il y a 48 heures, se voulait à la fois dissuasive et symbolique.

« Ces filets détruisent notre avenir », a lancé le chef du groupement, Lugalika Mishungu Victoire, dans une voix ferme mais préoccupée. Il a rappelé que les pêcheurs s’attaquent principalement aux baies, véritables berceaux de la reproduction des poissons. En capturant même les plus jeunes espèces, ces pratiques menacent la survie de la biodiversité du lac Kivu, dont dépend l’économie locale.

Parmi la foule, les réactions étaient partagées. David, un pêcheur de la zone, observait le brasier d’un air résigné : « Nous n’avons pas d’autres choix que ces filets, faute de moyens pour acheter ceux qui sont autorisés », confiait-il. Tout près, une mère de famille, panière de poissons à la main, approuvait au contraire l’action : « Si le lac meurt, nos enfants mourront de faim. Il faut protéger ce qui nous nourrit », insistait-elle.

Le spectacle des flammes a marqué les esprits, envoyant un signal fort contre la pêche illicite. Mais au-delà de la répression, les habitants réclament des alternatives concrètes : appui matériel, formations et sensibilisation. Car protéger le lac Kivu ne se limite pas à brûler des filets — c’est un engagement collectif pour préserver une richesse naturelle vitale à toute la région.

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